L’élimination de la faim est souvent perçue comme une tâche colossale, réservée aux politiques gouvernementales et aux méga-programmes agricoles. Pour certains, cela nécessite des engins lourds et des fertilisants chimiques, tandis que d’autres considèrent l’autosuffisance alimentaire comme un idéal inaccessible sans moyens financiers conséquents. Pourtant, dans la province du Kwilu, un projet mené par l’ASDR KL, en partenariat avec Fastenaktion, transforme cette perception.
Une approche communautaire salutaire
Pour les paysannes vulnérables de cette région, la lutte contre la faim devient réalisable grâce à la solidarité et au travail collectif. Les efforts conjugués des hommes et des femmes permettent de récolter des tonnes de tubercules de manioc de leurs champs communautaires. Une partie de cette production est réservée pour la consommation des ménages, une autre pour les semences, et l’excédent est vendu pour générer des revenus.
Valorisation des ressources
Les pratiques agroécologiques adoptées par la communauté ne s’arrêtent pas à la simple récolte. Les épluchures de manioc, par exemple, sont conservées dans l’eau pour servir de matière organique dans la fertilisation des champs maraîchers. De plus, l’amidon, utilisé dans l’industrie de pressing, est exploré pour la fabrication locale de craies à tableau, renforçant ainsi l’économie locale.
Cohésion et répartition des rôles
Ce travail en groupe ne renforce pas seulement la production, mais contribue également à la cohésion sociale. Les rôles sont répartis de manière équilibrée entre hommes et femmes, favorisant une dynamique inclusive. Cependant, malgré cette hausse de la production, des défis subsistent. La conservation, la transformation et la commercialisation des récoltes vers des marchés rémunérateurs demeurent des préoccupations majeures.
Innovations pour la durabilité
Pour faire face à ces défis, la communauté a mis en place des bacs de rouissage à proximité des champs, sans recourir à la maçonnerie. Ces aménagements agro-écologiques répondent à plusieurs enjeux : ils assurent la disponibilité d’eau, réduisent le transport des tubercules sur de longues distances, et préservent l’écosystème local. De plus, une partie des déchets est recyclée pour créer des composts, améliorant ainsi la fertilité du sol pour les futures cultures.
Un espoir tangible
Avec le manioc comme base du régime alimentaire local, une production en grande quantité permet de lutter efficacement contre la famine. Ce projet exemplaire démontre que l’élimination de la faim, bien que complexe, est loin d’être impossible lorsque la solidarité et l’innovation sont au cœur des actions communautaires.
Pour la Coordination Nationale ADC en RD Congo, cet engagement communautaire offre un modèle inspirant pour d’autres régions confrontées à des défis similaires.
Jules Ntambwe
