C’est une véritable innovation médicale qui a vu le jour à Kinshasa. Portée par la Fondation Daemmi Berlind (FODAB) que dirige le professeur Emmanuel Nzau Ngoma, cette initiative a abouti jusqu’à l’inauguration d’un bloc opératoire mobile mais performant, baptisé ENDOVAN. Son initiateur a précisé que l’objectif de cette oeuvre innovante est d’acheminer des soins chirurgicaux spécialisés là où les structures hospitalières sont insuffisantes ou inexistantes.
La cérémonie inaugurale s’est déroulée dans la salle Garamba du bâtiment administratif, dans la commune de Lingwala, en présence de plusieurs personnalités dont les professionnels de santé, des représentants institutionnels et des partenaires techniques.

Monté sur un véhicule, ENDOVAN est conçu pour réaliser des interventions par endoscopie, notamment en gynécologie, afin de traiter des pathologies telles que l’endométriose ou les douleurs pelviennes chroniques. Il s’agit d’un véritable bloc opératoire roulant, qui respecte les normes internationales et de sécurité ainsi que de performance d’un centre hospitalier fixe.
Le professeur Emmanuel Nzau Ngoma, à l’origine de ce projet, en a détaillé la portée de cette innovation. « ENDOVAN a été conçu pour explorer et opérer à l’intérieur de l’organisme sans recourir à de grandes incisions, grâce à l’endoscopie. C’est une réponse concrète au déficit d’équipements dans de nombreux hôpitaux. Plutôt que d’attendre que chaque structure puisse s’équiper, nous proposons une solution mobile, fonctionnelle et économiquement viable », a-t-il déclaré.
À l’en croire, ce projet n’est pas le fruit d’un seul homme. Toutes les étapes de sa conception, à la structure mécanique jusqu’à l’installation des équipements médicaux, tout a été réalisé localement. Des mécaniciens, ajusteurs, garnisseurs, électriciens… tous ont mis la main à la pâte sous la coordination de la Fondation.

« Je n’étais qu’un coordinateur parmi d’autres. Ce projet est le fruit d’un travail d’équipe, d’un élan de solidarité nationale. Chaque technicien impliqué connaît ENDOVAN dans ses moindres détails », a insisté le professeur Nzau.
Endovan, au-delà de l’andoscopie
Bien que l’outil ait été pensé à l’origine pour les soins gynécologiques, l’initiateur, le professeur Emmanuel Nzau, a rassuré que les potentialités d’Andovan dépassent largement ce domaine, et qu’il peut servir pour d’autres interventions telles que l’appendicectomie, endoscopie digestive, ou actes urologiques… Le matériel embarqué est équivalent à celui d’un bloc opératoire classique : bistouri électrique, aspirateur chirurgical, caméra haute définition, source de lumière, générateur de gaz pour l’insufflation abdominale, etc.
Poursuivant, le Dr Emmanuel Nzau a laissé entendre que ce projet s’inscrit dans une logique sociale et durable, avec un modèle économique qui repose sur la mutualisation, permettant à plusieurs hôpitaux de l’utiliser à tour de rôle, à moindre coût.
« L’acquisition du matériel a représenté un investissement conséquent. Toutefois, elle reste largement inférieure à ce qu’aurait coûté l’équipement complet de plusieurs blocs fixes. Le projet vise à réduire le coût pour les patientes tout en assurant une qualité optimale de soins », a expliqué le professeur Nzau.

Par ailleurs, la Fondation entend bâtir un véritable réseau national de blocs opératoires mobiles, et, même, sur voie maritime. Des partenariats sont en cours, selon le prof Nzau, avec divers hôpitaux pour assurer l’accueil du dispositif, le partage de matériel et la formation du personnel soignant.
Avec ENDOVAN, la Fondation Daemmi Berlind espère faire bouger les lignes. Elle en appelle au soutien des pouvoirs publics pour que ce projet prenne pleinement son envol et permette à davantage de Congolais d’avoir accès à une médecine spécialisée, où qu’ils se trouvent.
Fidel Songo