C’était un rendez-vous d’échanges, de partages d’expériences et de réflexions profondes, sur la contribution et le potentiel transformateur des femmes congolaises dans les dynamiques de paix, de gouvernance et de développement de la RDC. La salle Town Hall de la Monusco, toute archi-remplie, a accueilli, ce vendredi 4 avril à Kinshasa, dans le cadre des activités dénommées Ces congolaises qui osent, une conférence-débat sous l’initiative de HABARI RDC. Placées sous le thème principal : « Le rôle crucial des femmes et des filles dans la construction d’une paix durable en RDC » ces assises ont rassemblé des voix féminines inspirantes de toutes les couches : de la politique, de la société civile et bien d’autres encore.
Première à prendre la parole, la députée nationale Dominique Munongo a brossé le rôle que peut et doit jouer la femme parlementaire dans la restauration de la paix en RDC. À la long et à large, elle a expliqué l’impérative tâche que les élues ont, de s’investir dans des plaidoyers au niveau du parlement pour une société inclusive, fondée sur l’égalité de genre et la protection des jeunes filles.
En deuxième lieu, est intervenue la ministre honoraire des Droits humains et membre de la section Genre de la MONUSCO, Marie-Madeleine Kalala, qui a à son tour livré un témoignage vibrant tiré de son vécu personnellement. Elle est revenue sur sa participation au dialogue inter-congolais. Dans son intervention, la ministre a insisté, à l’intention des jeunes filles et femmes de la RDC, sur la nécessité de se former, de s’instruire et de se doter de compétences solides avant de prétendre à des responsabilités ou à des revendications sociales et politiques. « Jamais quelque chose n’est acquis… pour réussir dans la vie, il faut d’abord s’enrichir soi-même, la tête, avoir une tête bien faite, avoir certaines choses, et c’est sur base de cela que maintenant vous menez votre vie. Et vous n’allez pas pour rechercher quelque chose, mais vous allez apporter quelque chose dans la communauté, et pour cela, il faut avoir les qualités, et c’est à vous de trouver ces qualités et de les garder, et de les mettre en valeur », a-t-elle affirmé avec sagesse, appelant les jeunes filles à se construire progressivement, à gravir les échelons avec patience et détermination.
Prenant la parole à son tour, la révérende Bénédiction Bibianne Mbongo, conseillère au Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, a axé son intervention sur la dimension morale, spirituelle et intellectuelle du rôle féminin. « Une éducatrice n’a pas la tâche facile », a-t-elle martelé, appelant les femmes à assumer pleinement leur responsabilité dans la transmission des valeurs et dans la prise de décisions cruciales pour la société, peu importe la situation où le milieu où l’on se trouve. Pour elle, la femme congolaise doit se réveiller, se relever et s’affirmer comme un acteur majeur du changement.
« La femme ne doit pas attendre que l’homme lui fasse des cadeaux. La femme ne doit pas attendre que l’homme lui dise, viens t’asseoir ici. Non, la femme elle-même doit prendre conscience qu’elle est responsable de son sort, et puis qu’elle doit aussi assurer, n’est-ce pas, la protection de la progéniture», a soulevé La révérende.
Dans la foulée, Mme Mireille Affa Mindzier, conseillère Genre à la MONUSCO, a martelé sur l’inclusion des femmes dans le processus de pacification du pays que dans d’autres domaines. Pour elle, « c’est une condition de réussite des processus de paix ». Mme Affa estime que lorsque les femmes sont impliquées dans le processus de paix, il y a plus de chances d’aboutir au bon résultat. « Plus de chances d’aboutir parce que les femmes apportent sur la table des négociations des questions qui ne sont pas forcément soulevées par les autres parties au conflit», soutient-elle.
Madi Biaye : « Investir dans la jeunesse, c’est bâtir une paix durable »
Enfin, M. Madi Biaye, représentant résident du Fonds des Nations Unies pour la Population en RDC, a livré une analyse intéressante sur la pression démographique, les enjeux liés à la santé de la reproduction et à l’éducation des jeunes filles, tout en plaidant pour un investissement massif dans l’autonomisation des adolescentes, la planification familiale et la réduction des grossesses précoces. « Un enfant ne devrait pas donner naissance à un autre enfant », a-t-il rappelé, avant de souligner que l’avenir de la paix en RDC passe par une jeunesse préparée, responsabilisée et éduquée.
La conférence a connu son terme avec les témoignages des participants, qui ont remercié Habari RDC, initiateur de l’activité, ainsi que les différentes intervenantes pour leur enseignements enrichissants.
Fidel Songo