L’arrivée du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, lundi soir à Kinshasa, est un message fort et marque une étape importante dans la lutte contre l’impunité en République démocratique du Congo. Alors que les violences persistent dans l’Est du pays, notamment dans le Nord et Sud Kivu, cette visite soulève des attentes quant à une action judiciaire plus concrète contre les auteurs de crimes de guerre.
Dès son arrivée, Karim Khan a tenu à rappeler que personne ne peut se soustraire à la justice, adressant une mise en garde explicite aux groupes armés et à leurs soutiens.
« Tout groupe armé, toute force armée, tous les alliés des groupes armés et des forces armées n’ont pas un chèque en blanc… La loi doit être effective », a-t-il martelé.
Cette déclaration intervient dans un contexte où les exactions des rebelles du M23, accusés par Kinshasa et plusieurs rapports de l’ONU d’être soutenus par le Rwanda, continuent d’endeuiller la population congolaise.
En octobre 2024, la CPI avait ouvert une enquête sur les crimes commis dans le Nord-Kivu depuis janvier 2022, à la demande des autorités congolaises. Toutefois, près de quatre mois plus tard, les attentes restent fortes quant à d’éventuelles inculpations ou mandats d’arrêt.
Toutefois, les défis de la justice internationale en RDC restent nombreux, il s’agit, entre autres :
- L’accès aux zones de conflit, où les crimes sont encore en cours.
- L’identification et l’arrestation des responsables, parfois protégés par des réseaux puissants.
- La coopération des États voisins, notamment du Rwanda, souvent pointé du doigt.
Durant son séjour, Karim Khan s’entretiendra avec plusieurs figures clés, dont le président Félix Tshisekedi et des membres du gouvernement. Il doit également rencontrer Bintou Keita, représentante de l’ONU en RDC.
Ces discussions pourraient aboutir à un renforcement des mécanismes de coopération entre la RDC et la CPI, mais aussi à une pression internationale accrue pour que des actes judiciaires concrets suivent les discours.
Si la venue de Karim Khan symbolise un engagement fort contre l’impunité, la population congolaise, elle, attend désormais des actions concrètes. L’Histoire a montré que les déclarations seules ne suffisent pas : la CPI sera-t-elle capable de traduire ses promesses en actes, en poursuivant réellement les auteurs de crimes ? Cette question reste encore tendue et suscite, bien de le dire, quelques doutes.
Pour tout congolais, la bonne évolution de cette enquête sera un test décisif pour la crédibilité de la justice internationale en RDC, face aux injustices qu’elle subit depuis plus de 30 ans.
Fidel Songo