RDC : Marie-Josée Ifoku voit le départ de Tshisekedi comme seule solution à la crise actuelle

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La scène politique congolaise est une fois de plus secouée par des propositions de rupture. Marie-Josée Ifoku, leader politique et ancienne candidate à la présidentielle, a appelé Félix Tshisekedi à se retirer de la vie politique, évoquant un précédent historique : l’appel similaire d’Étienne Tshisekedi à Mobutu en 1996. Cette déclaration marque une escalade dans les critiques adressées au régime en place et s’accompagne d’une série de mesures drastiques censées redéfinir le paysage institutionnel du pays.

Une comparaison audacieuse : Tshisekedi face à Mobutu

En 1996, Étienne Tshisekedi, opposant historique à Mobutu, avait appelé ce dernier à quitter le pouvoir pour permettre une transition politique. À l’époque, le Zaïre était en crise profonde, confronté à une rébellion menée par Laurent-Désiré Kabila et à une paralysie institutionnelle. En établissant ce parallèle, Marie-Josée Ifoku suggère que la RDC traverse aujourd’hui une crise comparable, mettant en cause la légitimité du pouvoir actuel et la gestion du pays par Félix Tshisekedi.

Cependant, cette comparaison peut sembler excessive. En 1996, Mobutu était au pouvoir depuis plus de trois décennies, affaibli par la maladie et une pression internationale grandissante. Félix Tshisekedi, lui, a été réélu en 2023 dans un contexte certes contesté, mais sans l’isolement diplomatique qu’avait subi Mobutu. De plus, l’opposition congolaise actuelle reste fragmentée et peine à mobiliser une contestation de grande ampleur.

Un programme de transition radical

Marie-Josée Ifoku propose une refonte totale des institutions congolaises à travers sept mesures clés :

  1. Le retrait de Félix Tshisekedi de la scène politique, limitant son rôle à une fonction symbolique. Cette suggestion est sans doute la plus controversée, car elle remet en question le principe même du mandat présidentiel et risque d’être perçue comme un appel à la destitution.
  2. La nomination d’un Premier ministre pour assurer une transition de trois ans, ce qui impliquerait un changement constitutionnel majeur et un consensus politique difficile à obtenir.
  3. Un gouvernement restreint de crise, ciblant principalement l’urgence sécuritaire, notamment à l’Est du pays. Ce point pourrait séduire certaines franges de la société, épuisées par l’instabilité chronique.
  4. La dissolution des institutions actuelles, une mesure radicale qui poserait la question de la légitimité et de la continuité de l’État.
  5. La création d’un Conseil des Sages, chargé de coordonner la transition. L’idée d’une gouvernance collégiale pourrait être perçue comme un compromis entre les forces politiques et la société civile.
  6. Une Assemblée nationale refondée, où chaque territoire du pays serait représenté. Ce modèle vise une meilleure représentativité, mais son application reste floue.
  7. Une commission spéciale intégrant la société civile, qui chercherait à mobiliser la population autour de la transition. Cet aspect est essentiel, car la défiance vis-à-vis de la classe politique traditionnelle est forte.

Entre faisabilité et utopie

Si ces propositions traduisent une volonté de changement radical, leur faisabilité est discutable. Félix Tshisekedi et ses alliés n’ont aucun intérêt à accepter un tel scénario, qui reviendrait à une mise à l’écart du pouvoir sans cadre constitutionnel clair. Par ailleurs, une transition de trois ans est une période longue, qui pourrait elle-même engendrer de nouvelles crises politiques.

Enfin, l’absence de soutien international à une telle initiative limite ses chances de succès. La communauté internationale privilégie souvent la stabilité institutionnelle aux réformes abruptes, surtout dans un pays aussi stratégique que la RDC.

À entendre les propos de Marie-Josée Ifoku, l’on comprend bien qu’ils traduisent une frustration croissante face à la situation politique et sécuritaire en RDC.

Fidel Songo

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