Le tribunal militaire de garnison de Mwene-Ditu a ouvert, ce jeudi 9 janvier 2025, le procès en flagrant délit de Mutombo Kanyemesha, alias « Méchant-Méchant », policier accusé du meurtre de deux ingénieurs chinois travaillant pour l’entreprise GREC-6. Ce drame, survenu le 1er janvier 2025, met en lumière des questions complexes de justice, d’éthique et de gestion des relations humaines dans un environnement de travail tendu.
Mutombo Kanyemesha, interrogé par le tribunal, a admis avoir ouvert le feu sur les ingénieurs, invoquant des frustrations liées aux mauvais traitements qu’il aurait subis durant son affectation à leur garde. Selon ses déclarations, les tensions avaient atteint un point de rupture le jour du drame : « Je n’étais pas bien traité par les Chinois depuis cinq mois. Le 1er janvier, j’ai décidé de quitter mon poste. L’un des ingénieurs m’a insulté et méprisé, me disant d’aller m’adresser au président Tshisekedi pour mes besoins. »
Le récit de l’accusé, bien que détaillé, est contesté par le ministère public, qui affirme que les motifs financiers invoqués ne sont pas fondés.
Lors de son témoignage, l’accusé a décrit les moments ayant conduit à la fusillade : « Il (l’un des ingénieurs) avait un revolver. Sous l’effet de la peur, j’ai tiré sans réfléchir. Après, je suis sorti de la résidence et suis allé me cacher dans un ravin. »
Mutombo a également avoué avoir décidé de se débarrasser de son arme pour éviter une arrestation immédiate.
Points soulevés par l’affaire
Les conditions de travail des policiers affectés à la protection des expatriés : Mutombo a évoqué des frustrations croissantes liées à son poste. Ces accusations soulèvent la question de la gestion des agents de sécurité.
Les relations interculturelles : Les tensions évoquées entre l’accusé et ses employeurs chinois révèlent un manque apparent de dialogue et de respect mutuel dans leur collaboration.
Le tribunal, après avoir déclaré sa compétence pour juger cette affaire, a retenu les charges de meurtre et de tentative de meurtre contre Mutombo Kanyemesha. La défense, face aux aveux de l’accusé, a demandé à accélérer le processus, tandis que le tribunal a décidé de reporter l’audience au vendredi 10 janvier 2025 en raison des mauvaises conditions climatiques.
Ce procès ne se limite pas à déterminer la culpabilité de Mutombo Kanyemesha. Il incarne également une réflexion sur les responsabilités des employeurs, les droits des employés et la manière dont des tensions individuelles peuvent conduire à des drames tragiques.
Évo Jacob Tshimanga