RDC–élections 2023 : quel est le scénario optimal d’un point de vue économique et social ? (Tribune de Jo Sekimonyo)

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Lorsque tu cherches une réponse, une quête commence. Lorsque tu cherches une solution, un voyage commence. Ce dernier est véritablement frustrant de constater la présence de lâches parmi les membres des deux plus hautes cours de la nation.

Je suis souvent interrogé au sujet de ma candidature à la présidence et au Conseil d’État. Pourtant, j’attends toujours que M. José-Marie Tasoki Manzele, conseiller de cette cour et prétendument éminent professeur de droit, qui préconisait un État de droit dans son ouvrage avant d’accéder à ces hautes fonctions, se prononce.

Il faut comprendre que malgré le dépassement considérable du délai de 48 heures et le non-respect des promesses du Conseil d’État ayant coûté ma candidature, il est désormais question d’un jugement qui établira un principe général pour régir les situations similaires à l’avenir. Sinon, franchement, après le 20 décembre 2023, il devrait avoir le courage de démissionner et de laisser la place à quelqu’un d’autre prêt à rendre justice, que ce soit bien ou mal, mais au moins se prononcer.

Quant à la Cour constitutionnelle, ces membres ont refusé de remplir leur devoir lorsqu’ils ont été saisis sur la constitutionalité du paiement de la caution pour être candidat à n’importe quel niveau, tout en leur dévoilant une alternative : exiger qu’un candidat réunisse un nombre de pétitions. Cependant, ils ont préféré demeurer un des instruments politiques efficaces pour le président Tshisekedi.

Tous les gouverneurs qui avaient été renvoyés par les élus du parlement provincial, mais qui entretenaient de bonnes relations avec le président, ont été réintégrés par cet organe dont les membres sont nommés sur la base du sentiment personnel d’une personne, le président. Le gouverneur du Sud-Kivu a établi un record en matière d’expulsions et de réintégrations par décisions de cette cour.

Il serait préférable que tous les membres des deux plus hautes cours, qui représentent en réalité l’autorité morale de la nation, soient au moins exclus du monde académique, en particulier M. Tasoki, car ils se sont avérés être de mauvais exemples pour les jeunes en quête de direction.

Ce n’est pas simplement une question me concernant, mais plutôt de la crédibilité du commerce et des affaires, laquelle est déterminée par le système juridique d’un pays. C’est ainsi que ce qui me tourmente le plus, c’est le fait que le prochain président aura à choisir 4 nouveaux membres de la Cour constitutionnelle, étant donné que plusieurs d’entre eux arrivent à la fin de leur mandat. Aucun candidat n’a été interrogé sur les critères de sélection pour ces postes, et cette lacune suscite en moi une profonde inquiétude.

La mise à nu de l’immaturité du quatrième pouvoir

Il devient complexe de blâmer les candidats qui se lancent dans des joutes verbales les uns contre les autres pendant la campagne électorale, alors que la presse, en tant que quatrième pouvoir et pilier de la démocratie, a une fois de plus déçu la nation en délaissant son rôle.

Les électeurs n’ont aucune idée de la position des principaux candidats à la présidentielle sur des questions cruciales telles que leur approche de la résolution du conflit à l’Est, qu’elle soit envisagée de manière bilatérale, multilatérale ou interne. En cas d’absence de majorité au Parlement, comment envisagent-ils la cohabitation ou la formation d’une coalition, et vers qui se voudrait-il que le parlement converge, voire vers un Premier ministre indépendant ? Comment seront choisis les membres du Conseil économique et social, une institution d’une importance jusqu’ici sans pertinence ? Quelles modifications sur la prochaine loi électorale ?

Quelle serait leur vision pour le rôle de la banque centrale ? Quels critères utiliseront-ils pour sélectionner ses dirigeants ? Son avis sur la dédollarisation ?

Qu’en est-il du contrôle du pouvoir central sur les provinces ? Devrait-on retenir à la source une partie des revenus perçus par les provinces ? Comment envisagent-ils la modernisation du système éducatif national ? Prévoient-ils une augmentation du salaire minimum et, le cas échéant, de combien ? Qu’en est-il du recensement ? Qu’en dit-il du renouvellement du leadership de l’armée nationale ?

La RDC étant un pivot de multiples résolutions et confrontations mondiales, quelles sont leurs positions sur des événements internationaux tels que les résolutions de la COP28, le conflit en Ukraine, et la situation israélo-palestinienne ? Comment envisagent-ils les relations avec des institutions telles que les BRICS, le FMI et la Banque mondiale ?

Mais surtout, comment prévoient-ils de financer leurs projets ?

Sans répondre à ces interrogations cruciales, le pays va, une fois de plus depuis son indépendance, de souffrir de solutions approximatives, voire de bricolages, dictées par un instinct primitif, le tribalisme.

Les somnambules

La Cour constitutionnelle vient de rejeter les requêtes de Fayulu, Anzuluni et Mukwege concernant la légitimité du processus électoral.

En parcourant le calendrier électoral, il leur aurait été évident qu’il était absurde d’envisager une campagne seulement deux jours après la publication de la liste officielle. Quel risque prenez-vous en misant sur le numéro qui sera imprimé sur les chapeaux et les t-shirts de la campagne électorale ?

Aujourd’hui, je peux dévoiler que cela aurait été la deuxième phase de mon combat après la décision du Conseil d’État, une étape où j’étais certain de l’emporter.

Il faut cependant noter qu’une fois de plus, leur plainte contre le processus électoral est centrée sur leurs intérêts personnels. Ils ont tous refusé de se rallier à ma lutte contre des articles de la loi électorale qui vont contre la constitution et alimente l’injustice envers les plus démunis, la majorité des Congolais.

C’est un autre chapitre où ils ont démontré qu’ils ne sont que des acteurs politiques à la quête d’une sphère d’influence ou chantage politique plutôt que des hommes d’État.

Trompisme ou Trumpisme

Il est difficile de déterminer qui entre les deux principaux candidats à la présidentielle, Tshisekedi et Katumbi, est le plus enclin à étirer la vérité, tel Pinocchio.

On s’interroge sur la compréhension par le président Tshisekedi de ce que signifie réellement l’augmentation du pouvoir d’achat des consommateurs, alors qu’il promet de se concentrer sur cet aspect. Personnellement, je m’inquiète sincèrement pour son état de santé mentale actuel. Ses discours deviennent de plus en plus dénués de sens et dramatiques, empreints d’une dose croissante de folie au fil des jours.

D’autre part, Katumbi semble avoir incarné le « Fayulu » de 2023, capitalisant sur les sentiments anti-régime qui convergent vers lui, sans pour autant présenter d’arguments ou contenus matures. Tout ce que nous entendons, ce sont des promesses de construction de stades et d’aéroports, au détriment des universités et des centres de recherche. Ce lui aussi n’a aucune idée de la politique économique moderne.

Sachant que ces infrastructures ne seront pas construites par des Congolais, la question sur sa motivation se pose alors : pourquoi est-il si sûr de lui quant à la non-nécessité d’ajuster son salaire ?

Cela nous laisse soupçonner que Katumbi aurait déjà développé la capacité de mener un énorme hold-up tout en recevant de vifs applaudissements des personnes qu’il dépouille ; des projets de construction d’envergure. Heureusement pour la nation, Tshisekedi a dû apprendre les ruses de Matata Poyo tardivement.

Scénarios

Le scénario que j’évite de méditer est celui où le processus de vote n’a pas lieu le 20 décembre 2023.

Cependant, admettons que cela se produise, peu importe à quel point cela sera chaotique et déroutant, nous pourrions nous retrouver dans une situation où Tshisekedi remporte la présidence et obtiendrait une majorité parlementaire. Avec sa propension à la superficialité dans son casting et à l’improvisation sur la feuille de route, cela représenterait le pire scénario sur le plan économique et social.

L’éventualité d’un Katumbi ou d’un autre candidat remportant la présidence ayant une majorité parlementaire dès le début de son mandat est mathématiquement impossible, mais également dangereuse, sans autant être un énième cauchemar pour les Congolais.

Le scénario le plus favorable, qui en réalité demeure le moins affreux, une instabilité politique. Katumbi ou un autre candidat remporte la présidence tandis que l’union sacrée contrôle le Parlement. En jonglant entre la cohabitation et la coalition, les dommages économiques et sociaux seraient moindres. En un clin d’œil, nous nous retrouverons en 2028, des élections les plus cruciales pour les Congolais vivant en RDC.

La grande ratée

Malgré les éloges et les fanfares autour de l’expertise de Kadima en matière électorale, les élections de 2023 pourraient bien être parmi les plus mal gérées, voire les plus chaotiques, organisées en RDC. Les photos et les données s’effacent des cartes électorales, et les responsabilités sont remises en question, sans même aborder l’incertitude quant à la possibilité pour les gens de voter à l’échelle nationale le 20 décembre 2023.

Il y a quelque chose de plus crucial que cela, sur le plan de la politique économique nationale. Il est primordial de considérer l’occasion ratée de stimuler l’entrepreneuriat congolais moderne usant plus d’un milliard de dollars alloué à la CENI.

Un concours aurait été lancer à l’attention des Congolais pour concevoir un système de vote. Il existe également quelques entrepreneurs congolais qui assemblent des téléphones et ordinateurs portables et qui auraient été appuyer si l’on passait des commandes de matériel auprès d’eux.

Au lieu de cela, l’argent des contribuables a été utilisé pour renforcer les économies nord-coréenne et chinoise.

Jo M. Sekimonyo

Candidat à la présidentielle 2023 ?!

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