Kinshasa : MSI et CGND organisent un dialogue communautaire sur les droits à santé sexuelle et reproductive

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En marge de la journée internationale pour la dépénalisation de l’avortement, célébrée chaque le 28 septembre, la Coalition de Lutte Contre les Grossesses non Désirées (CGND) avec l’appui financier et technique de MSI a organisé une journée appelée « Journée de dialogue communautaire sur les Planification Familiale, Soins complets d’avortement centré sur la femme et les violences basées sur le genre pour dégager un point de vue commun sur les stratégies pouvant rendre effective la jouissance par les individus, des droits à la santé sexuelle et reproductive en RDC. Cette activité a été organisée sous la férule de Mme Myriam Dako, point Focal de la CGND et Membre de L’Association pour le Bien-Être Familial/Naissances Désirables (ABEF-ND). 

 En effet, 30 participants dont  5 leaders OSC des femmes, 5 leaders OSC des jeunes, 5 leaders communautaires, 4 pasteurs, 3 enseignants et 3 chefs du quartier, 3 leaders d’opinions, 2 OSC personnes handicapées, ont échangé les connaissances et expériences sur les grossesses non désirées, les violences basées sur le genre faites aux femmes et les soins complets d’avortement pour stimuler l’engagement individuel et collectif dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Car, en République démocratique du Congo, l’accès aux services de santé de la reproduction demeure un grand défi, spécifiquement l’accès aux services de soin complet d’avortement sécurisé en suivant les indications de l’article 14 du protocole de Maputo. Cet article stipule au point 2 C que «les États prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus».

«Étant que femme, après avoir reçu cette information, je me sens motivée et prête pour essayer d’informer d’autres femmes sur  cette question d’avortement sécurisé car, il faut s’informer pour informer par la suite. La recommandation que je peux faire, c’est celle de demander à nos partenaires de pouvoir nous aider à la vulgarisation de cette information ainsi qu’à la connaissance des lois car, il y a certaines femmes qui vivent dans les milieux ruraux ou reculés qui ne se  sont pas encore imprégnées de cela», a laissé entendre Blessing Bendelo, juriste de formation et activiste sur les questions environnementales. 

Intervenant sur l’ampleur de l’avortement, le Docteur Jean-Louis Senate, chargé de programme de l’ONG Afia Mama, Membre de la coalition de la lutte contre les grossesses non désirées, a précisé que  ce dialogue communautaire est une façon de toucher toutes les  couches de la communauté qui, de fois, a été négligée. 

«Cette couche peut parfois nous aider à disséminer nos informations  à travers leurs sites d’activités. On s’est dit que l’on ne peut pas seulement se limiter dans des salles en train d’appeler les ministres, le corps diplomatique pour parler avec eux sur les droits à la santé sexuelle et reproductive. Nous sommes venus vers la communauté, avec notamment ceux qui ont de l’ora; parler avec eux afin qu’il ait dissémination au niveau de la communauté», a souligné le Dr. Jean-Louis Senate. 

Et d’ajouter : «Le message que nous adressons au gouvernement est qu’aujourd’hui il y a des partenaires qui nous soutiennent, mais il reste un défi de la pérennisation de l’information une fois que ces derniers partent. Le gouvernement nous aide à travers la loi en voulant l’harmoniser  pour que tout se passe bien normalement». 

Pour ce faire, M. Serge Ndongo, chargé de programme à la coalition de femmes pour la paix et le développement, a focalisé son intervention sur les violences sexuelles et basées sur le genre. 

«Nous avons réuni les leaders communautaires parce qu’ils sont des acteurs du changement. Voilà pourquoi nous leur avons dit de s’approprier la lutte dans leurs milieux respectifs», a-t-il affirmé. 

 Statistiques alarmantes

 Selon les données de l’étude Guttmacher réalisée à Kinshasa en 2016, plus de 146 700 avortements, soit environ 400 avortements par jour, 17 avortements par heure se sont produits dans la ville de Kinshasa et que près de deux tiers de ces avortements se soldent avec des complications graves ou modérées. La RDC est l’un des pays le plus touché par les violences sexuelles dans le monde, où les violences sexuelles sont commises dans toutes les provinces, y compris dans celles non touchées par les conflits armés. 

Pour EDS 2013- 2014, 27% des femmes de 15 à 49 ans ont déclaré avoir subi des actes des violences sexuelles à un moment quelconque de leur vie. 

Également, le rapport cumulé 2018-2020 sur l’ampleur des VBG en RDC, 70 142 cas de VBG ont été rapportés en 2020 et 97 375 cas en 2021 dont la grande majorité de ces cas rapportés sont des violences sexuelles.

 La mission poursuivie par cette coalition est de « Contribuer à Être le fer de lance du respect des droits sexuels et reproductifs de la femme dans la société Congolaise », notamment dans l’application effective de l’article 14, alinéa 2, au point c du protocole de Maputo et de fédérer les organisations œuvrant dans la protection des droits de la femme et de la jeune fille en collaboration avec le ministère de la santé.

Jules Ntambwe

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