C’est dans une ambiance mêlant gravité intellectuelle et espoir patriotique que Thomas Wetshi Tambwe a présenté hier, vendredi 11 avril 2025 à Kinshasa, son tout nouvel ouvrage intitulé “ La quinine pour la refondation de la RDC”. Un titre aussi symbolique que provocateur, où l’auteur compare sa réflexion à un remède amer mais salutaire, à l’image de la quinine utilisée pour combattre les fièvres les plus tenaces.
Pour lui, « la quinine, c’est un produit amer. Amer. Comme je l’ai expliqué, c’est pour d’abord démystifier le nationalisme, le souverainisme, l’impérialisme et tout ça, parce que c’est ça qui nous bloque pour que nous puissions avancer ». À travers cette belle œuvre d’esprit, l’auteur invite à une cure de vérité nationale, à l’exorcisme d’un peuple qui, selon lui, ne connaît pas son pays et donc ne peut l’aimer.

Dans le bain de son allocution, l’auteur a affirmé que cet ouvrage vient d’une révélation. « Je ne l’ai pas écrit comme ça. J’ai rêvé ça. Une autre personne a rêvé ça. J’ai fait beaucoup d’émissions sans savoir où j’allais… Je me retrouve avec un livre où je n’ai pas beaucoup à chercher », confie-t-il.
Cette démarche quasi mystique s’enracine dans une ambition politique : celle de proposer des alternatives pour la refondation d’un État qu’il juge incapable de se prendre en charge. Parmi ces alternatives, il évoque la gouvernance du Congo par les États-Unis, ou encore une confédération incluant la Belgique, le Rwanda et le Burundi. Une vision radicale, mais que l’auteur défend comme des options de sortie de crise. « Le problème, c’est pour éviter cette histoire de convoitise, de balkanisation de notre pays. Et pour faire avancer notre pays », tranche-t-il.
Le professeur Shamba, qui a présenté les quatre premiers chapitres de l’ouvrage, a salué un livre qui « réveille ». Il y voit une œuvre qui « appelle à l’action » et qui « dérange parfois ». Il affirme que La quinine pour la refondation de la RDC nous pousse à « revenir aux racines du problème ». Pour lui, l’auteur ne se contente pas de dénoncer l’état du pays, il propose une véritable autopsie de la République. « Pour refonder, il faut d’abord déconstruire. Pour réagir, il faut comprendre ce qui a été détruit », martèle le professeur, avant de résumer la première partie de l’ouvrage en quatre piliers.

Le premier, c’est la grandeur géographique et naturelle de la RDC. « Un territoire immense, riche… Mais la richesse sans vision, c’est du chaos ». Le deuxième pilier, c’est « l’histoire d’une fragilité construite », née d’une indépendance précipitée, non préparée. Le troisième, c’est celui des séquelles de la décolonisation inachevée, où « la passion non canalisée a ouvert la voie aux dictatures ». Enfin, le quatrième pilier, c’est l’appel à une refondation par une prise de conscience collective. « Le Congo n’est pas en crise, mais en attente. En attente de citoyens éveillés », conclut le professeur Shamba.
Le professeur Emmanuel Kabongo, quant à lui, s’est penché sur les deux derniers chapitres, ceux des propositions concrètes. Pour lui, l’auteur porte une vision radicale mais lucide : « La RDC est un patrimoine mondial », soutient-il. Et de rappeler que « l’industrialisation de l’Europe, la Seconde Guerre mondiale, la transition énergétique actuelle », sont autant de phases de l’histoire mondiale où les ressources congolaises ont joué un rôle déterminant.

« Un pays qui joue de tels rôles ne peut pas s’abstenir d’avoir des comportements à la hauteur », ajoute-t-il, avant de défendre l’idée d’un « triumvirat : une gestion partagée de la RDC par un triumvirat entre la RDC, la Belgique et Israël, pour leurs expériences administratives, diplomatiques et militaires.
Poursuivant, le professeur Kabongo a insisté sur la nécessité d’une réconciliation tridimensionnelle tel que repris par l’auteur dans son livre : avec soi-même, avec les voisins, et avec la communauté internationale.

« Toute notre histoire, l’essence, c’est une histoire d’un peuple qui n’a même pas d’amour pour son pays, qui n’a pas de patriotisme », regrette-t-il. D’où, selon lui, l’urgence d’une éducation nouvelle, d’une conscience nouvelle, pour que le Congolais « ne marche plus la tête en bas, les pieds en l’air ».
Monseigneur Mpereboy Mpere de la cathédrale de centenaire protestante, a procédé, après les explications riches des intervenants, au baptême proprement dit du livre.

Édité aux éditions Médiaspools, le livre La Quinine pour la refondation de la RDC compte 237 pages et 6 chapitres.
Fidel Songo