Réparations et pauvreté en Afrique : un appel à la justice !

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L’Afrique, un continent riche en ressources naturelles et en histoire, est aujourd’hui confrontée à une pauvreté généralisée qui n’est pas le fruit du hasard, mais des conséquences profondes de la colonisation et de l’exploitation continue par les anciennes puissances coloniales.


Ce constat alarmant trouve écho dans la décision de l’Union africaine (UA) de consacrer l’année 2025 à la question des réparations, sous le thème « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par le biais de réparations ».
Ce sujet sensible met en lumière les relations complexes entre l’Afrique et l’Europe, et soulève de nombreuses interrogations sur les dettes historiques que les puissances coloniales doivent à leurs anciennes colonies.


En réalité, la colonisation a laissé une marque indélébile sur le continent africain, laissant derrière elle un héritage d’exploitation, de violence et d’opportunités perdues. Les responsables européens, conscients des implications juridiques et morales des réparations, semblent dépassés par la perspective de devoir reconnaître leurs crimes historiques.


Les anciennes puissances coloniales, comme la France et la Grande-Bretagne, profitent encore des ressources africaines tout en continuant à imposer des conditions défavorables à la coopération. L’exploitation des richesses africaines a permis aux pays européens de connaître une prospérité sans précédent, renforçant ainsi les inégalités économiques entre l’Occident et le continent africain.


Au fil des siècles, les forces coloniales ont instauré des systèmes d’exploitation qui ont conduit à la mort de millions d’Africains et à un retard économique persistant. L’asservissement des Africains et les nombreuses atrocités commises durant la traite négrière ont non seulement causé des souffrances humaines, mais ont aussi freiné le développement et la prospérité du continent. Avant l’arrivée des colonisateurs, l’Afrique présentait des sociétés organisées et dynamiques, disposant de systèmes économiques durables.


Cependant, avec l’arrivée des Européens au XVe siècle, l’ère de l’exploitation a débuté, entraînant le pillage des ressources et l’appauvrissement systématique des populations.
Par exemples, la République Démocratique du Congo  (RDC), l’un des pays les plus riches en ressources naturelles, qui demeure paradoxalement l’un des plus pauvres du monde. À son indépendance en 1960, la RDC a hérité d’énormes dettes accumulées sous l’ère coloniale belge. Le roi Léopold II et l’État belge ont laissé derrière eux un lourd fardeau économique, dont les conséquences perdurent aujourd’hui.


Les dettes contractées par les autorités coloniales ont été transférées à l’État congolais indépendant, représentant une injustice manifeste que le pays doit aujourd’hui réparer en faisant face à des remboursements qui alimentent cette spirale de pauvreté.


De même, la Côte d’Ivoire a été largement exploitée pour ses ressources, notamment le cacao et le caoutchouc, profitant à la France tout en laissant le pays en proie à des difficultés économiques persistantes après son indépendance. La Guinée, également, a connu des défis économiques majeurs en raison de l’exploitation coloniale française, qui a durablement affecté sa capacité à se développer de manière autonome.


Un exemple récent est celui du Niger, où le général Abdourahamane Tchiani a formulé une demande de réparations à la France pour plus d’un siècle de pillage colonial. Ces demandes croissantes soulignent un besoin urgent de reconnaissance et de justice, alors que les pays africains cherchent à revendiquer leur dignité et leur autonomie.


La question des réparations ne concerne pas seulement la compensation pour des injustices passées : elle questionne le modèle économique et politique encore en cours aujourd’hui. Les anciennes puissances coloniales doivent être tenues responsables des conséquences de leurs actions, et un dialogue international sur ces sujets est essentiel pour bâtir un avenir juste.


Les réparations pourraient permettre aux pays africains de réinvestir dans leurs économies, d’améliorer les infrastructures, de renforcer les systèmes éducatifs et de combler les disparités économiques qui ont été exacerbées par des siècles d’exploitation. En outre, elles pourraient restaurer les droits légitimes de l’Afrique et renforcer ses revendications sur la scène mondiale.
Monique Nsanzabaganwa, vice-présidente sortante de la Commission de l’UA, qualifie l’initiative de « moment historique », soulignant que la lutte pour les réparations est une lutte contre l’injustice et pour l’égalité.


La pauvreté généralisée en Afrique est un héritage complexe de la colonisation, et le mouvement en faveur des réparations est incontournable pour rectifier les injustices du passé. Les anciennes puissances coloniales doivent prendre conscience de leur responsabilité historique et agir pour compenser le pillage et l’exploitation qu’elles ont perpétrés.


L’UA, en mettant l’accent sur la justice et les réparations, ouvre une nouvelle voie vers la réconciliation et le développement durable, permettant ainsi aux pays africains de redéfinir leur avenir et de construire un continent prospère. Il est temps que le monde reconnaisse les maux du passé et travaille ensemble pour créer un avenir meilleur pour les générations à venir.

Par Lamine Fofana

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