La récente décision des États-Unis d’imposer des sanctions à James Kabarebe, ministre d’État rwandais en charge de la coopération régionale, et à Lowerence Kanyuka, porte-parole civil du M23, a suscité une réaction immédiate de Kigali. Dans un communiqué officiel, le gouvernement rwandais dénonce une mesure « injustifiée et infondée », accusant Washington d’adopter une politique biaisée dans la gestion du conflit en République Démocratique du Congo (RDC).
Une Approche Sélective des États-Unis
Le Rwanda critique le fait que ces sanctions visent exclusivement des acteurs rwandais et du M23, alors que d’autres groupes armés impliqués dans le conflit ne sont pas inquiétés. Kigali met en avant la présence active des Forces armées congolaises (FARDC), des milices FDLR, de combattants burundais et même de mercenaires européens dans l’est de la RDC. Pourtant, aucune sanction n’a été prise à leur encontre, malgré leur rôle dans l’intensification des violences.
Pour Kigali, cette approche sélective trahit un manque de volonté réelle d’instaurer une paix durable dans la région. « Si les sanctions étaient une solution au conflit en RDC, nous aurions déjà trouvé la paix depuis des décennies », indique le communiqué.
Une Incompréhension des Enjeux de Sécurité
Le Rwanda rappelle que sa seule préoccupation est la sécurité de son territoire et de ses citoyens. Depuis plusieurs années, Kigali accuse la RDC d’héberger et de collaborer avec des groupes armés hostiles, notamment les FDLR, composés d’éléments ayant participé au génocide de 1994. En sanctionnant des responsables rwandais sans condamner ces groupes, la communauté internationale enverrait un signal dangereux, selon le gouvernement rwandais.
Un Risque d’Entrave aux Efforts Africains de Paix
Le communiqué insiste sur le fait que la résolution du conflit dans l’est de la RDC doit passer par une approche africaine, en particulier via la médiation menée par l’EAC et la SADC. Kigali estime que les sanctions unilatérales de Washington risquent de nuire à ces efforts, en compliquant le dialogue entre les différents acteurs régionaux.
« Les mesures punitives imposées par les États-Unis ne font que perturber le processus africain de médiation et risquent de prolonger inutilement la crise », prévient le Rwanda.
En réponse aux sanctions, Kigali exhorte la communauté internationale à adopter une posture équilibrée et impartiale. Si l’objectif réel est la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs, alors toutes les parties impliquées dans le conflit, y compris le gouvernement congolais et ses alliés, doivent être soumises aux mêmes exigences.
Avec cette prise de position, le Rwanda affirme qu’il ne cédera pas aux pressions extérieures et qu’il continuera à défendre ses intérêts sécuritaires face à ce qu’il considère comme une lecture biaisée du conflit en RDC.
Nzangura Kwavingiston
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