RDC : En nationalisant la guerre de l’Est, Tshisekedi dédouane Kagame et crucifie Kabila ?

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Depuis leur divorce, le président Tshisekedi et son prédécesseur, le sénateur à vie Joseph Kabila, ne sont plus en odeur de sainteté. Même si certaines indiscrétions confirment qu’il existe encore des accords entre les deux, il faut dire qu’au stade actuel, la situation ne sent pas bon entre Tshisekedi et Kabila.

D’ailleurs, depuis plus d’un an déjà, le président de la République ne cesse de dire que son prédécesseur est le parrain direct du mouvement Alliance Fleuve Congo (AFC), dirigé par celui qui l’a proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de 2018, Cornell Nanga. Comme dans une interview de 2024 à Paris avec un journaliste congolais, Félix Tshisekedi a encore une fois dénoncé les mauvais jeux de Kabila.

Il l’a dit et répété hier depuis Munich, en Allemagne, au cours de la 61e réunion sur la sécurité. Tshisekedi voit la silhouette tangible de Joseph Kabila derrière l’AFC de Nanga.

Selon le président congolais, il n’a « absolument pas l’impression que l’opposition qui a pris les armes, qui a fomenté avec le Rwanda ce coup contre la République, est dans son bon droit ». Il réitère en revanche que c’est Kabila qui est l’homme derrière le masque de l’AFC. « D’ailleurs, la preuve, c’est que le vrai commanditaire se cache. Et le vrai commanditaire de cette opposition, c’est mon prédécesseur, c’est Joseph Kabila. Mais il ne l’avoue pas. Il n’assume pas ses actions. Voilà. », a déclaré Félix Tshisekedi.

Une intervention qui enchante Kagame !

Quoiqu’il soit possible que cette révélation du président de la République soit vraie, certains analystes estiment toutefois qu’il n’était pas prudent pour le chef de l’État de parler de cette façon devant cette instance et aux yeux du monde qui prêtait une oreille attentive. Selon ces analystes, cette version des faits dédouane complètement Kigali, dont les preuves de son soutien actif aux M23 ne sont plus à démontrer, et surtout en cette période où, pour une fois, la République Démocratique du Congo prend de l’ascendant sur son agresseur rwandais sur le plan diplomatique.

Cette réaction du président congolais dilue, pour certains, tous les efforts consentis pour faire reconnaître et accepter à la communauté internationale les injustices dont est victime le Congo, injustices perpétrées par le régime de Paul Kagame, qui faisait la sourde oreille.

Ces propos, aussi graves soient-ils, donnent raison à Kagame. Le président rwandais ne cesse de clamer son innocence sur son implication, pourtant justifiée par plusieurs rapports des Nations Unies, dans la guerre à l’est de la RDC. Le président rwandais, qui réfute toutes les accusations à son encontre, qualifie ce qui se passe en RDC de conflits internes.

Fidel Songo

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