Crise sécuritaire dans le Nord-Kivu : Félix Tshisekedi snobe le sommet de la CAE convoqué par William Ruto

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Alors que l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à une recrudescence des violences, le président congolais Félix Tshisekedi a décidé de ne pas participer au sommet extraordinaire de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) convoqué par son homologue kényan, William Ruto. Cette réunion, prévue ce mercredi, vise à aborder la crise sécuritaire et humanitaire qui sévit dans la région.

L’annonce de l’absence de Tshisekedi a été faite mardi par Giscard Kusema, directeur adjoint de la cellule de communication de la présidence congolaise. « Le président Félix Tshisekedi suit de près l’évolution de la situation à l’Est du pays. Toutefois, il n’a pas prévu de participer à la réunion convoquée par le président William Ruto », a-t-il déclaré.

Plutôt que de se joindre au sommet, le chef de l’État congolais s’adressera directement à la nation ce soir à travers un message radiotélévisé diffusé en direct depuis la Cité de l’Union africaine à Kinshasa.

Un appel au retour de dialogue de la part de Nairobi

Face à l’intensification des combats entre les forces congolaises et le groupe armé M23, William Ruto, président kényan et actuel dirigeant de la CAE, avait annoncé le 26 janvier la tenue d’un sommet d’urgence « dans les prochaines 48 heures ». Il avait exprimé sa « grande préoccupation » concernant la dégradation de la situation, notamment après la fermeture de l’espace aérien à Goma et la montée des tensions sur le terrain.

Dans un communiqué officiel, Ruto a exhorté à « la cessation immédiate et inconditionnelle des hostilités » et à l’ouverture d’un couloir humanitaire pour venir en aide aux populations affectées. Il a également plaidé pour une résolution pacifique du conflit, appelant les dirigeants congolais et rwandais à répondre aux « appels à la paix lancés par les peuples de notre région et par la communauté internationale ».

Le président kényan a par ailleurs assuré que la CAE était prête à collaborer étroitement avec l’Union africaine, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et d’autres partenaires internationaux afin de favoriser les négociations et d’enrayer les violences.

Un scepticisme croissant de la RDC envers la CAE

Le refus de Félix Tshisekedi de participer à ce sommet illustre la méfiance grandissante de Kinshasa à l’égard du processus de médiation mené par la CAE. Depuis plusieurs mois, la RDC accuse le Rwanda de soutenir activement la rébellion du M23, qui continue de semer le chaos dans l’Est du pays.

Les relations entre les deux pays se sont encore détériorées ces dernières semaines avec la reprise des affrontements autour de Goma, une ville stratégique dans la région. Désormais, Kinshasa semble privilégier d’autres canaux diplomatiques, notamment sous la médiation angolaise, et renforce sa coopération avec la SADC. Cette nouvelle orientation suggère un éloignement progressif de la RDC des initiatives de paix portées par la CAE, au profit d’une approche plus ferme, pouvant inclure une coopération militaire avec de nouveaux partenaires sécuritaires.

Japhet Punzu

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