Onze pays d’Afrique détenant le record continental de la morbidité palustre s’en vont en guerre contre le Paludisme. En effet, prenant part à la conférence ministérielle tenue à Yaoundé au Cameroun, les ministres de la santé desdits pays ( Burkina Faso, Cameroun, République démocratique du Congo, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Soudan, Ouganda et République-Unie de Tanzanie) ont signé, le 7 mars dernier, une déclaration commune pour ensemble combattre le Paludisme à une charge élevée et à un impact fort. Cette initiative facilitée par Impact santé Afrique (ISA) s’inscrit dans la logique de réduire sensiblement la mortalité due au paludisme en Afrique. La République démocratique du Congo a été représentée valablement par le directeur général du programme national de la lutte contre le paludisme et le secrétaire général au ministère de la santé publique, le Dr Sylvain Yuma Ramazani. Ce dernier a ramené la déclaration à Kinshasa au ministre de tutelle qui l’a signée ce lundi 11 mars 2024.
Dans cette déclaration, des résolutions ont été prises en vue d’accélérer au mieux la lutte contre la Paludisme dans leurs pays respectifs. En effet, s’appuyant sur les outils et des systèmes disponibles qui soutiennent leur combat, et au-delà des embuches liées notamment aux bilans qui s’avèrent décevants tels que présentés chaque année depuis 2017 dans le Rapport de l’OMS sur le paludisme qui font état d’une absence alarmante de progrès précisément dans la Région africaine de l’OMS, où persistent environ 95 % de la morbidité et de la mortalité palustres ; du lourd fardeau porté par 11 pays africains qui, ensemble, représentent plus de 70 % de la charge de morbidité palustre dans le monde ; de l’urgence de s’attaquer aux causes profondes de cette stagnation, les membres des gouvernements des pays africains signataires de la déclaration de Yaoundé ont souscrit au principe fondamental selon lequel, malgré l’incidence élevée des cas, personne ne doit mourir du paludisme dans leurs pays.
« Nous sommes unis dans notre détermination à prévenir tous les décès liés au paludisme. Nous nous engageons par la présente déclaration à mener une action concertée pour mettre fin aux décès dus au paludisme en poursuivant la mise en œuvre de l’approche « D’une charge élevée à un fort impact » (HBHI)3, afin de lutter de manière durable et équitable contre le paludisme en s’appuyant sur quatre piliers (volonté politique, utilisation stratégique de l’information pour l’action, meilleures orientations techniques, coordination) et deux environnements porteurs (systèmes de santé nationaux fonctionnels et adoption d’une approche multisectorielle) », ont souligné les ministres signataires dans leur déclaration.
Les ministres de la santé d’Afrique se sont engagés, de plus, à renforcer, dans leurs pays respectifs, la volonté politique et à exercer un leadership dans le soutien aux programmes nationaux de lutte contre le paludisme et aux autres programmes de santé (santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent) afin qu’ils fournissent des services intégrés.
« Nous nous engageons en outre à tirer parti de l’engagement de nos chefs d’État, ainsi que de l’engagement des autorités administratives, traditionnelles et religieuses et des responsables communautaires pour accroître l’efficacité de nos programmes de santé. Nous nous engageons également à renforcer la sensibilisation à tous les niveaux par le biais des messages clés et de la mobilisation des financements pour mettre fin au paludisme afin de tirer parti du leadership et des ressources d’autres secteurs pour combattre et éliminer le paludisme en Afrique », ont-ils mentionné.
Les signataires se sont également engagés à augmenter des ressources nationales consacrées à la lutte contre le paludisme et, par un plaidoyer à l’endroit de leurs assemblées législatives et de leurs ministères des finances respectives, à œuvrer pour combler les déficits financiers afin d’assurer une couverture suffisante des interventions de lutte contre le paludisme. Profitant de cette occasion, les pays signataires ont ensemble lancé un vibrant appel à leurs partenaires régionaux et internationaux pour qu’ils augmentent leurs aides financières et les rendent plus prévisibles dans le respect des priorités nationales.
Dans leur déclaration, les ministres de santé des pays africains à forte morbidité du paludisme ont pris l’engagement d’investir conséquemment dans le déploiement des systèmes d’information sanitaires efficaces et fiables, y compris les technologies d’analyse et de systèmes d’information géographique.
Aussi, rechercher et appliquer les orientations techniques les plus récentes et les meilleures pratiques pour combattre et éliminer le paludisme, faciliter et renforcer des capacités des institutions nationales afin qu’elles soutiennent les programmes nationaux de lutte contre le paludisme en s’appuyant sur les meilleures données disponibles pour permettre l’adoption et la mise en place rapides de l’éventail d’interventions et de stratégies le plus adapté au contexte, à une échelle ayant un impact sur la lutte contre le paludisme et son élimination.
Parmi les engagements pris, ils ont souligné de même celui de renforcer la coordination et l’action multisectorielle et à décentraliser les mécanismes de coordination de la lutte contre le paludisme aux niveaux infranationaux. Renforcer les systèmes de santé nationaux en accentuant l’investissement global dans le secteur de la santé et à faire un usage judicieux de tout le financement consacré à la santé pour mettre en place des infrastructures sanitaires, des ressources humaines et des mécanismes efficaces d’exécution des programmes… ; Établir des partenariats fondés sur la collaboration pour la mobilisation des ressources, la recherche et l’innovation avec des institutions et organisations nationales et continentales etc.
A tout prendre, les Ministres de la santé de 11 pays africains, réunis à Yaoundé ont réitéré leur engagement en faveur de la réduction accélérée de la mortalité due au paludisme et « nous engageons à nous tenir, ainsi que nos pays, mutuellement comptables des engagements énoncés dans la présente déclaration. Publiée dans la plus grande urgence en ce jour ».
Une nouvelle plateforme interparlementaire contre le paludisme
Par ailleurs, en marge de la signature de ladite déclaration, une nouvelle plateforme interparlementaire a vu le jour, sur l’initiative de la députée Juliette Nzinga du Sénégal. Il s’agit de la COPEMA, Coalition des parlementaires pour l’élimination du paludisme en Afrique (COPEMA). Celle-ci se veut une mouvance qui réunit les parlementaires africains autour d’un même objectif contre le Paludisme. C’est celui de changer l’histoire du paludisme par des actions de redevabilité dans l’élaboration des lois de finances publiques. Le parlement congolais a été représenté par l’honorable Dieudonné Mposhi, député national de cette législature.
Fidel Songo