La coordination des opérations électorales de Lamuka-COEL s’étonne des résultats des élections de décembre 2023 tels que publiés par la CENI et confirmés par la cour constitutionnelle. Dans une conférence de presse tenue ce jeudi à Kinshasa, la COEL a qualifié les joutes électorales du 20 décembre de “simulacre d’élections” et appelle la population “à ne jamais accepter les autorités qui ne proviennent pas de son choix”.
Tout en dénonçant la fraude qui aurait eu lieu lors de ces élections, la COEL rappelle qu’elle n’avait jamais cessé de tirer la sonnette d’alarme pour interpeller la CENI, dénoncer ses dérives et même proposer des solutions qui devaient contribuer à rendre le processus électoral transparent, impartial, inclusif et apaisé.
Elle affirme avoir effectué, au départ, un travail de monitoring relevant des nombreuses irrégularités et opacités qui accompagnaient les activités de la CENI avant les élections. Parmi les irrégularités elle cite notamment le flou sur la passation des marchés de gré à gré ; le nombre de bureaux d’enrôlement et la question de la répartition des kits d’enrôlement qui, à son avis, serait disproportionnés entre les provinces; l’absence de la cartographie électorale ; le manque d’audit du fichier électoral ; le mauvais état de la carte d’électeur; le non affichage des listes des électeurs en violation des articles 6 et 8 de la loi électorale et tant d’autres.
“Des élus nommés !
Très sûre de la victoire de son candidat, la COEL rejette les résultats de ce qu’elle considère comme simulacre d’élections et réclame, comme en 2018, la vérité des urnes. Elle s’étonne du nombre de voix attribuées à Martin Fayulu même dans certains coins reconnus comme son espace sociologique censé être son bastion électoral.
« Ceux qui disent qu’en Afrique et plus particulièrement en RDC, le vote est sociologique ne comprendront jamais les voix que la CENI a attribuées à chaque candidat. Qui peut donc par exemple confirmer que M. Tshisekedi ait eu 94% des suffrages au Kongo Central et que le candidat Fayulu n’ait obtenu que 8.544 voİx sur 782.304 votants et au Mai-Ndombe, Tshisekedi soit crédité de 959% alors que Fayulu ne récolte que 3.989 voix sur 396.125 votants…Comment expliquer le manque de corrélation entre les affluences réalisées par le candidat Fayulu pendant la campagne et les résultats annoncés par la CENI ? Comment expliquer que M. Tshisekedi puisse battre le Docteur Mukwege à Panzi chez lui (pour information, Tshisekedi a été crédité de 119,923 voix à Bukavu et Mukwege 9.209 voix) ? Quelle incongruité ? Tshisekedi serait plus populaire à Panzi que le Docteur Mukwege ?
Comment peut-on expliquer que M. Tshisekedi, le seul candidat à être traité de « moyibi » (voleur) pendant ses meetings à travers le pays (Moanda, Mbanza Ngungu, Mbandaka, Gemena, Kikwit, Gbadolité, Lisala, Kisangani, Kenge…) puisse gagner spectaculairement partout ?
Non, tout esprit sensé ne peut voir dans ces chiffres qu’une volonté primaire d’humilier le vrai vainqueur de l’élection présidentielle de 2018 afin de tenter de laver l’opprobre qui habite M. Tshisekedi », s’étonne cet organe chargé des questions électorales au sein de Lamuka.
Plus loin, elle estime qu’il n’est pas question aujourd’hui de revenir sur toutes les preuves de tricherie et de la fraude électorale planifiée et exécutée par la CENI, “car pour nous les rapports de la MOE CENCO-ECC sont éloquents et nous y souscrivons”.
À tout prendre, la COEL se dit contre toute tendance, intérieure comme extérieure, visant à vouloir minimiser cette fabrication des résultats et à faire croire que les irrégularités et la fraude planifiée par la CENI n’ont pas entaché la crédibilité des tous les scrutins.
Fidel Songo
