Après plus de deux ans de fermeture liée au conflit armé opposant les rebelles de l’AFC-M23, soutenus par le Rwanda, et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), les postes frontaliers de Bunagana et Ishasha ont officiellement rouvert ce jeudi.
La cérémonie d’ouverture a eu lieu du côté ougandais, à Bunagana, sous la présidence du gouverneur du district de Kisoro. Plusieurs autorités administratives et militaires de l’Ouganda y ont pris part, aux côtés de quelques responsables locaux installés par l’AFC-M23, notamment le chef de cité de Bunagana.

Dans son allocution, le gouverneur de Kisoro a salué la reprise des échanges commerciaux avec la RDC, insistant sur les liens culturels et sociaux qui unissent les populations des deux côtés de la frontière : « Aujourd’hui est un jour très magnifique parce que notre commerce transfrontalier reprend. Aujourd’hui est un jour très magnifique pour les gens de Kisoro et les citoyens du Congo. Je voudrais vous dire que la population de Kisoro et les Congolais, nous sommes le même peuple avec la même culture. Je pense qu’aujourd’hui et à jamais, nous allons commencer le commerce transfrontalier ensemble. »
Selon plusieurs observateurs, cette décision de Kampala intervient alors que le Rwanda maintient depuis plusieurs mois ses postes frontaliers opérationnels, même après la prise des villes de Goma et de Bukavu par l’AFC-M23 et leurs alliés. L’Ouganda chercherait ainsi à compenser les pertes économiques importantes causées par la fermeture prolongée de ces deux corridors commerciaux stratégiques.
Pour l’heure, Kinshasa n’a pas encore communiqué de position officielle sur cette réouverture, qui intervient dans un contexte sécuritaire encore fragile et complexe. Les analystes estiment que cette évolution pourrait avoir des conséquences notables sur plusieurs plans :
Le processus de paix dans l’Est de la RDC, déjà mis à rude épreuve par l’occupation prolongée de certaines localités par la rébellion.
Les flux commerciaux, essentiels pour les économies locales de part et d’autre de la frontière.
La stabilité régionale, notamment au sein de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.
Alors que les échanges reprennent et que des milliers de commerçants et transporteurs se préparent à relancer leurs activités, les regards restent tournés vers le gouvernement congolais, dont la réaction officielle sera déterminante pour la suite de ce dossier sensible.
Nzangura Kwavingiston