En fin limier de l’information, nous avons, tout récemment, tiré cette sonnette d’alarme : « Nord-Kivu & Sud-Kivu : la rébellion AFC/M23 veut-elle spolier le patrimoine immobilier de l’ONAPAC ? » Aujourd’hui, telle une réponse du berger à la bergère, le média en ligne ESTNEWS.INFO basé dans les territoires occupés vient de publier cet article : « Est de la RDC : l’ONAPAC va vendre une partie de ses biens pour relancer ses activités au Sud-Kivu et au Nord-Kivu, annonce Dunia Masumbuko, gouverneur intérimaire du Sud-Kivu sous l’AFC/M23 ». Clairement, c’est un dévoilement.
C’était au cours d’une réunion tenue le jeudi 4 juillet 2025 dans la salle des plénières de l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu, relate le rédacteur dudit article, que, « sur instruction de la hiérarchie du mouvement révolutionnaire Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) », le Vice-gouverneur de cette province assumant l’intérim de son titulaire a, face à quelques agents et cadres de l’Office National des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC), annoncé que la relance de cet établissement public passera par la vente d’une partie de ses biens. Et de poursuivre : « une opération qui sera conduite par un cabinet d’avocats indépendants désigné par les autorités [de la rébellion]. »
Selon la même publication, le Directeur provincial de l’ONAPAC, sieur François Kambale Nzanzu, a précisé que cet argent permettra notamment de construire trois bâtiments administratifs, la résidence du sous-directeur, de réhabiliter des entrepôts destinés à la location, d’acheter deux hors-bords, d’équiper l’usine, de payer trois mois de salaires aux 88 agents actifs et aux 25 retraités, ainsi que d’acquérir du matériel roulant pour appuyer les opérations de terrain. La question lancinante : est-il habilité à engager l’ONAPAC sans le quitus de sa hiérarchie ?
Contacté à Kinshasa, le comité de gestion de l’ONAPAC est formel : « C’est une spoliation. Seul le Directeur Général peut autoriser une quelconque vente après approbation du Conseil d’administration et de l’autorité de tutelle (ministère de l’Agriculture). Ces ventes du patrimoine immobilier de l’ONAPAC interviennent ‘’in tempore suspecto’’ (en temps suspect) et, par conséquent, sont nulles. » A en croire la hiérchie de cet établissement public, les éventuels acquéreurs ne s’en prendront qu’à eux-mêmes, car c’est une manière de jeter leur argent par la fenêtre. Les trompettes du retour de la paix, et aussi de la légalité, dans cette partie de la République Démocratique du Congo, retentissent depuis Washington, Doha.
Par ailleurs, les directeurs provinciaux de l’ONAPAC Sud-Kivu et Nord-Kivu sont dans le viseur de leur hiérarchie pour la présomption de complicité dans ce deal qui semble les réjouir quoiqu’ils n’aient pas la qualité d’engager cet établissement public. Ils s’exposent donc à des lourdes sanctions administratives pour cette situation qui prouve leur appartenance au mouvement rebelle AFC/M23. En acceptant d’être parrainés par des rebelles, les deux responsables compromettent ainsi la suite de leur carrière professionnelle à cause des dividendes qu’ils espèrent tirer de cette affaire juteuse.
Halte à la spoliation ! Le jour finira par se lever tôt ou tard. A bon entendeur, salut.
Affaire à suivre.
James Mpunga Yende
Journaliste d’investigation