Le samedi 14 juin 2025, des anciens enfants de la rue se sont exprimés pour dénoncer une probable désorientation des fonds qui leur sont alloués par l’ambassade du Canada, sur la base d’un projet qu’ils ont porté et défendu avec succès.
Surpris d’apprendre via les réseaux sociaux la disponibilité de ces fonds, ces anciens de la rue sont indignés de constater qu’ils ont été mis à l’écart, alors qu’ils avaient, par le passé, porté ce projet auprès du bailleur pour son financement.
Quelqu’un Manza, un ancien de la rue devenu président des anciens jeunes de la rue, n’a pas caché sa désolation :
« Nous sommes indignés de constater que nous soyons mis de côté pour un plaidoyer que nous avons mené. En effet, le 24 février 2023, nous avons formulé une demande à l’ambassade du Canada pour qu’elle revoit à la hausse le financement, vu la taille du besoin pour une prise en charge efficace des enfants en situation difficile. Aujourd’hui, cette somme a été libérée, et nous réclamons notre participation dans l’exécution de ce projet. Nous avons mené un plaidoyer qui a porté ses fruits, mais surtout, en tant qu’anciens enfants de la rue, nous connaissons mieux ce milieu. Ce qui se fait sans nous est contre nous, » a martelé Quelqu’un Manza.
Les frustrations sont également partagées par Fanny Kamweni, ex de la rue et exemple de réinsertion sociale, qui est actuellement coordinatrice des travailleurs parasociaux. Fanny Kamweni a dénoncé la gestion opaque de ces fonds par l’UNICEF et a appelé à la vigilance des parties prenantes :
« Je pense qu’il est temps en RDC d’arrêter de manger l’argent au nom des enfants vulnérables. Il est temps de dire à la véritable société civile de se lever pour faire le suivi et l’évaluation de ces sommes qui sont déversées pour ces enfants. »
La coordinatrice a également critiqué le manque de transparence sur la répartition des parts entre les différentes structures œuvrant dans ce secteur, qui, par ailleurs, ne bénéficient d’aucune subvention de l’État congolais. Pourtant, ces structures doivent souvent dépasser leurs prévisions pour prendre en charge les enfants issus de la police de protection, des services sociaux et d’autres membres de la communauté. Cependant, beaucoup de ceux qui bénéficient de ces fonds sont des ONG « malettes », qui n’existent que de nom, et dont le travail sur le terrain est inexistant, a-t-elle conclu.
Jules Ntambwe