RDC : l’ONG les Amis de Nelson Mandela pour la Défense des Droits Humains s’oppose à l’idée du changement de la constitution

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L’ONG les Amis de Nelson Mandela pour la Défense des Droits Humains, ANMDH en sigle, disent “NON ” à la proposition de changement la constitution congolaise. Reçu au cours de l’émission Face à Charly Mukuba, le numéro un de cette ONG, M. Aaron Mukalengi, a donné les raisons qui poussent à son association de s’opposer à toute initiative qui tend à toucher à la loi suprême.

Pour les Amis de Nelson Mandela pour la Défense des Droits Humains, il y a bien plus d’autres choses qui méritent toute l’attention et toutes les énergies possible en ce temps en lieu et place de changement constitutionnel : il s’agit, énumèrent ils, la vie chère, les embouteillages, la problématique de l’insécurité dans tout le pays particulièrement dans l’est etc.

Ci-dessous, l’intégralité de l’entretien fait avec le représentant national de ladite l’ONG

Journaliste : Comme vous le savez, nous avons lancé, il y a peu, la campagne « Pourquoi et pourquoi pas changer la Constitution ? » Et aujourd’hui, c’est la cadre avec également une autre campagne lancée, je dirais, si pas la première, elle sera la deuxième organisation non-gouvernementale de notre pays à s’opposer à cette initiative prise par les chefs de l’État. Il s’agit de l’AMDH, les amis de Nelson Mandela, qui a lancé, il y a quelques jours, une vaste campagne placée sous le thème « Ça doit s’arrêter, cette fois-ci, en RDC ».

Alors aujourd’hui, nous allons en parler. Pourquoi cette campagne ? Quel objectif vise également cette campagne ? Et nous avons l’honneur de recevoir aujourd’hui M. Aaron Mukalengi, qui se trouve être coordonnateur de projet au sein de l’ANMDH.

Journaliste : Bienvenue M. Aaron Mukalengi.

Invité : Merci, bonjour et merci de nous avoir accueillis chez vous.

Journaliste : Vous êtes accompagné de tous les ténors de cette grande structure qui lutte contre les abus. Vous militez également pour les droits des humains en RDC. D’entrée de jeu, brièvement, parlez-nous de cette grande structure.

Invité : Merci beaucoup. Notre organisation est dénommée les Amis de Nelson Mandela pour la Défense des Droits Humains, ANMDH en sigle. Elle est une organisation de défense des droits humains créée le 4 octobre 1992 à Kisangani. C’est sur l’action des bénévoles, des citoyens congolais qui se sont sentis indignés face à la situation de l’époque. Ils se sont décidés alors de se réunir pour fonder cette organisation. Alors, depuis ce temps, l’organisation répond à l’urgence de la promotion et de la défense des droits humains dans notre pays. Voilà un peu en résumé ce que je peux dire, au-delà de l’emprise qu’a la structure aujourd’hui, nous sommes dans à peu près 10 provinces de la RDC et notre siège, c’est ici dans la ville de Kinshasa.

Journaliste : D’accord, alors nous allons passer directement au vif: Pourquoi avez-vous choisi le thème « Trop c’est trop, ça doit s’arrêter en RDC » pour la campagne lancée par l’AMDH ?

Invité : Merci beaucoup. « Trop, c’est trop, ça doit s’arrêter en heure de décès » est une campagne citoyenne, une campagne d’éveil de conscience pour que les Congolais se prennent en charge.

Pourquoi ce thème ? C’est parce que la situation actuelle l’exige. L’insécurité grandissante dans toutes les grandes villes du pays. À l’est du pays, les territoires échappent aux contrôles de l’État. Les violations des droits humains sont récurrentes. Et il y a même des violations à grande échelle où l’État devrait prendre les contrôles ou la sécurité spécialisée des personnes, notamment dans les prisons, en tirant par les armes à feu. Alors nous pensons que la situation est catastrophique. Il faut un appel à la vigilance. Il faut un appel à la prise de conscience des Congolais. C’est pourquoi un MDH, en tant que structure citoyenne, en tant que structure qui œuvre pour le bien-être de la population, a lancé cette campagne pour éveiller cette population, pour leur dire qu’il est temps, trop, c’est trop, il faut qu’on s’élève pour que les massacres s’arrêtent, pour que les violations des droits humains s’arrêtent, pour que l’insécurité s’arrête. Voilà un peu, grosso modo, l’importance de cette campagne et pourquoi nous avons choisi ce thème, trop, c’est trop, ça doit s’arrêter

Journaliste : Spécifiquement Monsieur Aron, quel objectif poursuivez-vous avec cette campagne ?

Invité : La campagne Trop c’est Trop, ça doit s’arrêter en RDC cette fois-ci, poursuit l’objectif de conscientiser les citoyens congolais. Notre rôle c’est ça, éveiller les consciences des citoyens congolais, parler aux citoyens congolais de ces problèmes qu’ils connaissent déjà, mais de leur montrer également les voies, les moyens par lesquels il faut revendiquer, par lesquels il faut se lever pour que la situation change.

Journaliste : Cette campagne vise-t-elle tous les pays où se concentre-t-elle sur quelques villes en particulier ?

Invité : Non, la campagne vise tous les territoires de la RDC. Pourquoi ? Parce que notre organisation est une organisation nationale. Alors, nous intervenons partout, même si nous sommes un peu dans quelques provinces pour des projets, pour des activités, par-ci, par-là. Mais la campagne est une campagne nationale, plus particulièrement dans les sept centres où nous allons intervenir pendant ces trois prochaines années. De 2024 à 2027, nous serons dans sept centres dans le cadre de la campagne. Mais l’impact que nous visons, c’est au niveau national.

Journaliste : Je dois le dire, vous êtes si pas la première ONG, vous serez la deuxième, ici en RDC, qui va s’opposer à cette démarche initiée par le président de la République. Nous faisons allusion au changement de la Constitution. Pourquoi pensez-vous que le moment n’est pas du tout opportun ?

Invité : Merci beaucoup pour cette question. La révision ou le changement de la Constitution ? Ce sont également les concepts qui font défaut. On parle d’une révision ou on parle d’un changement de la Constitution.

Journaliste : Aujourd’hui, c’est carrément le changement.

Invité : Aujourd’hui, c’est carrément le changement ? Alors que la Constitution elle-même interdit son changement. Si nous consultons l’article 220 de la Constitution, il y a des matières, il y a des dispositions intangibles, immuables, qu’on ne peut pas changer, qu’on ne peut pas toucher. Cela veut dire que la Constitution ne pourra jamais être changée. Là, ce n’est pas quelqu’un qui a décidé ça, mais c’est le peuple dans son ensemble, par référendum, a décidé que la Constitution ne soit jamais changée. Elle peut être révisée parce que toute Constitution peut être révisée. Elle peut être modifiée, c’est normal. C’est une loi. La loi peut évoluer par rapport aux réalités, mais elle ne peut jamais être changée. Donc, si nous pensons que c’est le changement, la réponse est à l’article 220 de la Constitution. Il y a des articles qui sont verrouillés, il y a des dispositions qui ne sont jamais changées. Alors, si les autorités vont au sens de changer carrément toute la Constitution, elles seront butées à ce défi qui interdit le changement carrément de la Constitution.

Journaliste : Aujourd’hui, vous utilisez toujours cette constitution comme argument pour ceux qui sont contre et pour Vous, à vous entendre parler, d’abord aux réalités de notre pays, ne pensez-vous pas que notre constitution peut être retouchée ? Vous êtes quand même pour la modification de cette constitution ?

Invité : J’ai bien dit ça. Notre organisation a même publié un flash info qu’il faut lire parce que c’est partagé à travers nos canaux de communication. Toute constitution est révisable, est modifiable. Même notre constitution de 2006 révisée en 2011, c’était déjà une révision. Aujourd’hui, on peut également réviser. C’est bien. Mais seulement, est-ce que c’est en portée de réviser en ce moment ici ? Il y a des articles qui avancent qu’on ne peut pas réviser la constitution. Aujourd’hui, vu l’État dans lequel se trouve la RDC, avec une partie du pays qui est en guerre. Il y a des territoires qui échappent au contrôle de l’État. Vous comprenez ?

Il y a même une partie du pays qui n’a pas fait les élections, qui n’est pas allée au vote à cause de l’insécurité, à cause de soi-disant de manque de moyens. Aujourd’hui, s’il faut changer, s’il faut réviser la constitution, est-ce que la guerre va prendre fin du coup ?

C’est ça la grande question qu’on se pose. La guerre ne va pas prendre fin du coup parce qu’il faut d’abord terminer cette guerre. Il faut d’abord terminer cette guerre parce que l’État d’urgence décrété plusieurs fois, renouvelé plusieurs fois, C’est pour quelle raison ? C’est parce que le pays n’est pas normal aujourd’hui. Nous sommes dans une situation anormale où les territoires ne font que tomber. Même si les FARDC se battent jour et nuit, nous félicitons ces FARDC, mais les efforts doivent être soutenus de part et d’autre.

Les territoires qui sont sous contrôle des rebelles, tout ça, ça va prendre fin quand ? Alors qu’on n’a pas encore terminé cette situation-là, on nous amène la question de la constitution, de la révision ou du changement. Non, qu’on termine d’abord la guerre.

Journaliste : Mais aujourd’hui M.Mukalengi, dites-nous, quels reproches formulez-vous à l’encontre du chef de l’État Félix Antoine Tshilombo, qui est censé garantir le bon fonctionnement des institutions ?

Invité : Oui, garantir le bon fonctionnement des institutions et le garant de la constitution. Et c’est sur cette même constitution que le président a prêté deux fois le serment. Ça veut dire qu’il doit protéger cette constitution. Ça veut dire qu’il doit veiller à ce que personne ne puisse violer la constitution, en commençant par lui-même. Ce que nous lui reprochons, c’est qu’il a fait son premier mandat sans problème. La constitution est-elle bloquée à quel niveau?
Aujourd’hui, dans son second mandat, son second et dernier mandat, il veut toucher à la constitution. Nous pensons que les intentions derrière cette révision ou le changement qu’il veut, c’est pour s’éterniser au pouvoir. Parce qu’aujourd’hui, c’est quoi l’urgence qui pousse les gens, qui pousse les présidents à toucher à la constitution?

Journaliste : Mais pourquoi vous refusez de croire au chef de l’État, lui qui est censé veiller au bon fonctionnement des institutions, lui qui connaît mieux la température du pays, il vous dit que c’est lui qui gère le pays au quotidien, c’est lui le garant, c’est lui le numéro un. Il vous dit que notre constitution a de sérieux problèmes. Pourquoi vous, de l’ANMDH, vous ne le croyez pas Pourquoi ?

Invité : Non, ce n’est pas qu’on ne le croit pas, parce que nous-mêmes nous comprenons que les lois peuvent être révisées. Alors, même la Constitution peut être révisée, mais c’est le moment choisi qui pose problème. Pourquoi choisir cette révision en ce moment ? C’est quoi l’intention derrière ça ?

Nous reprochons au chef de l’État, d’abord, le manque de réalisation de ses promesses pour les besoins fondamentaux de la population. Il faut d’abord répondre aux besoins fondamentaux de la population qui sont, entre autres, l’électricité.

Vous voyez, nous sommes donc dans le noir. Il y a le problème de de l’eau potable, il y a la santé qu’il faut garantir, les transports aujourd’hui avec les embouteillages catastrophiques dans la ville de Kinshasa, il y a pas mal de choses; l’éducation, malgré la gratitude de l’enseignement, mais c’est avec quelle qualité de l’enseignement au Congo ?
Il y a pas mal de choses qui sont primaires, qui sont fondamentales, qu’il faut toucher. Et ça, la Constitution ne l’interdit pas de le faire. Il faut commencer par ça avant de toucher à la Constitution.

Journaliste : Lorsque nous avons annoncé dans nos réseaux sociaux que nous allions vous recevoir, il y a eu quelques questions qui nous sont parvenues par les grands publics. D’ailleurs, tout le monde le sait que vous veillez au respect des droits humains dans notre pays. C’était les 10 décembre, disons hier, qu’on a célébré les droits de l’homme dans le monde, y compris ici chez nous en RDC, bien que chez nous, en tout cas, ça on doit quand même l’évoquer, l’ampleur de cette célébration n’a pas été vraiment remarquable. Mais la question des internautes et téléspectateurs sont les suivantes, je prends la première, comment évaluez-vous le respect des droits humains sous le régime de Félix Tshisekedi, étant donné que l’AMDH lutte pour le respect des droits humains en RDC ?

Invité : Merci beaucoup pour cette question. Particulièrement, nous pensons que le président avait de bonnes intentions, de bonnes promesses. Tout au départ, dans sa campagne électorale, dans son premier mandat, il y avait de bons discours. Mais en réalité, rien n’a changé. Pas d’avancée. Ce qui se faisait, ce qu’on a décrié hier continue à se faire aujourd’hui : Il y a eu des promesses de fermer tous les cachots de l’ANR. Combien de citoyens aujourd’hui sont dans les services secrets ? Combien de citoyens sont arrêtés aujourd’hui dans des cachots qu’on ne connaît pas ? Combien de gens sont arrêtés aujourd’hui sans être jugés ?

Combien d’opposants politiques sont aujourd’hui en prison pour leurs opinions ? Combien de DDH sont maltraités ? Combien de journalistes vous êtes maltraités à cause de vos émissions ? Alors ça, nous pouvons dire qu’il n’y a rien qui a changé. Les avancées, ce sont des avancées dans des paroles. Ils avaient de bonnes paroles au début. Mais aujourd’hui, ils se lèvent même pour dire qu’ils peuvent faire tout, même si les gens peuvent parler des droits de l’homme, tout ça, ça ne les concerne pas parce qu’ils sont des garants des institutions, parce que c’est eux qui règnent aujourd’hui. Ils ont oublié, le président a oublié qu’il a combattu les antivaleurs à l’époque. Il a oublié qu’il a fait des marches. Il a oublié que les gens ont été tués à cause des violations des droits humains dans ces pays.

Il y a eu Chebeya qui a été tué. Et le président avait haussé le ton à l’époque, il était encore membre dans l’UDPS. Il avait parlé de la mort de Chebeya. Mais aujourd’hui, combien de citoyens sont décédés ? Pendant le régime de Tshisekedi, combien d’activistes pro-démocratie de la Lucha ont été tués ? À l’époque, il a même décrié la mort de Rossi Mukendi. Il est allé rendre visite à la famille de Rossi Mukendi. Mais aujourd’hui, combien sont tués ?

Journaliste : Cette question me pousse également à vous poser une autre question, celle de savoir quel parallélisme faites-vous ou établissez-vous aujourd’hui entre l’actuel régime et l’ancien régime sur la même question en matière de droits de l’homme.

Invité : Notre travail n’est pas de faire une comparaison. Notre travail est de promouvoir les droits humains. Mais s’il faut regarder du côté des droits de l’homme pour l’ancien régime et pour le nouveau régime, je reviens aux mêmes paroles que rien n’a changé. Rien.

Propos recueillis par Fidel Songo

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