Arriérés de salaire, les fonctionnaires de l’État se remémorent les années Kazadi

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À la veille de novembre, de nombreux agents et fonctionnaires de l’État congolais attendent toujours leur salaire… non pas du mois d’octobre, mais parfois celui de septembre, août, voire de plusieurs mois précédents. Une situation qui scandalise jusque dans les couloirs mêmes du ministère des Finances, où certains agents du cabinet n’ont pas encore perçu leurs émoluments. Les comparaisons avec l’ère de Nicolas Kazadi refont surface. L’ancien argentier de la République, souvent critiqué mais reconnu pour sa discipline budgétaire, avait réussi à instaurer une certaine régularité dans le paiement des salaires.

Aujourd’hui, cette rigueur semble s’effriter. « Sous Kazadi, le 28 du mois était une date respectée. Sous Fwamba, elle n’est plus qu’un souvenir », regrette un cadre du ministère.
Certains agents affirment même que la gestion actuelle est taillée sur mesure, loin des standards de bonne gouvernance que le pays s’était promis de respecter.

Pour beaucoup d’observateurs, la situation prend une tournure surréaliste. « Même les agents du ministère des Finances commencent à compter les arriérés », commente un expert en finances publiques, évoquant un « malaise général dans la chaîne de paiement ». L’image d’un État incapable de rémunérer ceux qui le font fonctionner alimente un profond sentiment d’humiliation chez les travailleurs. Certains parlent d’une perte du “droit de père”, expression poignante d’un désespoir social.

L’expert en économie rappelle que le salaire n’est pas un privilège, mais un droit vital. Il conditionne le pouvoir d’achat, la consommation et l’épargne des ménages.
Or, les retards de paiement ont des conséquences en chaîne : recours aux dettes à taux d’intérêt, effondrement de l’épargne, perte du pouvoir d’achat et, in fine, destruction silencieuse du tissu économique et social. « Quand le fonctionnaire s’endette pour survivre, c’est tout l’État qui s’appauvrit », martèle-t-il.

Du déficit maîtrisé à l’abîme budgétaire

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sous Nicolas Kazadi, le déficit du Trésor oscillait autour de 75 millions de dollars au premier trimestre 2024. Aujourd’hui, selon les mêmes sources, ce déficit avoisine le milliard de dollars. Une explosion budgétaire inquiétante, alors que les institutions financières internationales, jadis élogieuses, pointent désormais une détérioration de la discipline budgétaire et un recul dans la gestion des finances publiques.

Au-delà des chiffres, la crise actuelle met en lumière un problème de gouvernance.
Comment exiger la performance de la fonction publique quand les agents ne perçoivent plus leur dû ? Comment espérer stabiliser le taux de change et contenir la spéculation monétaire si les revenus sont bloqués, privant la population de liquidités nécessaires aux transactions ?
Pour l’expert, cette situation illustre une contradiction fondamentale entre le discours politique et la réalité économique. « On a cru sanctionner un homme, Nicolas Kazadi, mais en réalité, c’est l’État lui-même qu’on a fragilisé », conclut l’analyste.

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