Dans le territoire de Lubero, au nord de la province du Nord-Kivu, la situation humanitaire devient de plus en plus alarmante. Les populations vivant dans les zones sous contrôle du mouvement rebelle M23, notamment dans la chefferie des Batangi, à Bunyatenge, Pita Congo, Muhanga, Buleusa et Kateku, subissent des exactions quotidiennes et une exploitation forcée qui les plonge dans un profond désespoir.
Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, un véritable système d’exploitation a été mis en place par les rebelles, contraignant les habitants en majorité des agriculteurs à transporter de lourdes cargaisons de vivres et de produits agricoles vers les campements du M23. Ces corvées forcées sont imposées sans consentement, sous la menace, et parfois avec usage de la violence. Localement, cette pratique est appelée “Bebesha” une forme de portage forcé qui prive les victimes de toute liberté de mouvement.
« Les hommes parcourent jusqu’à 20 kilomètres à pied, parfois 15 kilomètres, avec des charges très lourdes sur le dos, pour ravitailler les positions des rebelles », rapporte un habitant de Bunyatenge ayant requis l’anonymat.
Dans ces localités enclavées, toute forme de dénonciation ou de plaidoyer en faveur des victimes est strictement interdite. Les rebelles imposent le silence absolu, sous peine de représailles sévères. Les villageois vivent donc dans la peur permanente, sans espoir d’un secours extérieur ni d’une intervention des autorités.
Les activités agricoles sont paralysées, les jeunes fuient les villages, et l’accès à l’éducation ou aux soins de santé est presque inexistant.
« Ici, il n’y a plus d’avenir. Nous travaillons pour survivre, mais tout ce que nous produisons profite aux hommes armés », confie un cultivateur de Kateku, la voix brisée par le désespoir.


