Dans cette tribune à lire entièrement dans les lignes qui suivent, tribune vibrante, Moussa Kalema Sangolo-Zaku, président national du Parti des Vertus Républicaines (PVR) et membre du Bureau politique du FCC, s’oppose fermement au projet de rebaptiser le stade Tata Raphaël en “Stade Ali-Foreman”. Pour lui, cette initiative traduit un manque de respect envers la mémoire collective congolaise et constitue une dérive symbolique dangereuse pour l’identité nationale.
Tribune d’opinion de Moussa Kalema Sangolo-Zaku, Président National du Parti des Vertus Républicaines (PVR)
Pourquoi rebaptiser le stade Tata Raphaël serait une erreur historique
Introduction :
Le projet de renommer le stade Tata Raphaël en “Stade Ali-Foreman” suscite l’indignation de nombreux Congolais. En tant que citoyen attaché à la mémoire collective de notre pays, je m’oppose fermement à cette décision précipitée, injustifiée et symboliquement dangereuse. Le Congo mérite mieux que l’oubli de sa propre histoire.
Un lieu chargé de mémoire nationale
Le stade Tata Raphaël n’est pas un simple terrain de sport. Il s’agit d’un lieu historique, témoin de plusieurs grandes étapes de notre parcours national. Construit en 1952, ce stade a vu se dérouler des événements fondateurs :
En 1955, c’est dans ce lieu que le Roi Baudouin, surnommé Bwana Kitoko, fut reçu lors de sa visite officielle.
En 1965, le président Mobutu y tint son premier grand meeting, lançant l’opération « retroussons les manches ».
Ce stade a accueilli des matchs mythiques, notamment celui de l’équipe brésilienne Santos avec Pelé.
Le Cardinal Malula y annonça la création de l’hôpital Saint Joseph, aujourd’hui indispensable pour des milliers de Congolais.
Et surtout, c’est ici que des générations de sportifs congolais – Mukuna Trouet, Bongabonga, Kakoko, Kidumu, Kembo, Mayanga, Mutubile, Mana, Mungamuni, et bien d’autres – ont forgé la fierté du sport national. Tata Raphaël est un symbole vivant, une mémoire partagée, un repère identitaire.
Ali et Foreman : deux légendes étrangères, un passage éphémère
Le combat du siècle entre Muhammad Ali et George Foreman, en 1974, fait partie de l’histoire du sport mondial. Mais il convient de remettre cet événement dans son contexte :
Ce combat a été entièrement financé par l’État congolais, à hauteur de 10 millions de dollars (5 millions chacun), tirés du Trésor public.
Il s’agissait d’une opération de communication politique sous Mobutu, non d’un engagement pour le peuple congolais.
Une fois le combat terminé, les deux boxeurs sont repartis, sans laisser de trace tangible ni contribuer durablement à la société congolaise.
Leur passage fut éphémère, contrairement aux milliers de Congolais qui ont fait vibrer ce stade pendant des décennies. Pourquoi donc leur donner aujourd’hui une place symbolique que même eux ne réclameraient probablement pas ?
Un changement sans bénéfice, sans consultation, sans respect
La décision de renommer le stade soulève plusieurs questions :
Quelle est la valeur ajoutée de ce changement pour la jeunesse congolaise ?
Quelles consultations ont été menées auprès des citoyens, anciens sportifs, historiens ou communautés locales ?
Pourquoi ignorer l’apport de nos propres figures nationales, pour glorifier des personnalités étrangères, aussi prestigieuses soient-elles ?
Changer le nom du stade Tata Raphaël, c’est effacer un pan de notre mémoire collective. C’est dire à la jeunesse que ce qui vient d’ailleurs est plus digne d’honneur que ce qui a été construit ici, avec courage et dignité.
Connaître notre histoire pour construire l’avenir
Notre nation souffre déjà d’un déficit de reconnaissance envers ses propres bâtisseurs. Les vraies idoles, ce sont ces figures locales qui ont inspiré, élevé, formé, motivé. Le respect de soi commence par le respect de son histoire, de sa culture, de ses héros.
Renommer le stade en l’honneur de deux boxeurs américains est une décision symboliquement lourde de conséquences. Ce n’est pas ainsi qu’on construit une mémoire nationale. Ce n’est pas ainsi qu’on renforce une identité.
Conclusion : le nom Tata Raphaël doit rester
Le Congo ne gagnera rien à ce changement de nom.
Il y perdra beaucoup : sa mémoire, ses repères, et un peu plus de son âme.
Il est temps d’avoir des dirigeants qui comprennent que la gestion d’un pays va au-delà des coups de communication ou de prestige international.
Nous demandons solennellement que le nom du stade Tata Raphaël soit maintenu.
C’est une question de respect, de cohérence et de dignité nationale.
Par Moussa Kalema Sangolo-Zaku
Président National du Parti des Vertus Républicaines (PVR)
Membre du Bureau Politique du FCC
Kinshasa, le 20 octobre 2025


