Crises sécuritaire, sociale et économique en RDC : Moussa Kalema appelle à un sursaut de conscience nationale pour refonder la République

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Dans un échange franc avec notre rédaction, Moussa Kalema Sangolo-Zaku, président national du parti des vertus républicaines, a dressé un diagnostic sans complaisance de la situation politique, économique et sociale en République démocratique du Congo. Pour lui, les crises récurrentes que traverse le pays trouvent leur origine dans la faiblesse des institutions, la corruption systémique et l’absence d’un véritable leadership visionnaire. Il plaide pour une nouvelle gouvernance fondée sur la responsabilité, l’unité et la valorisation du citoyen congolais, convaincu que seule une prise de conscience collective permettra de remettre le pays sur la voie du développement et de la dignité nationale.

Ci-dessous, l’intégralité de l’interview

I. LE PVR AU SEIN DU FCC

Journaliste : Honorable Moussa, merci d’avoir accepté notre invitation. Avant d’aborder les sujets brûlants de l’heure, comment se porte aujourd’hui votre formation politique, le PVR, au sein de la plateforme FCC ?


Moussa Kalema : Le Parti des Vertus Républicaines se porte bien. Il reste un pilier idéologique du FCC, engagé dans la défense de la souveraineté, de la justice sociale et de la reconstruction morale de l’État congolais. Nous sommes debout, cohérents et fidèles à la ligne du président honoraire Joseph Kabila.

II. CONDAMNATION DE JOSEPH KABILA

Journaliste : La justice militaire a récemment condamné à mort l’ancien président Joseph Kabila, assortissant cette peine d’une amende colossale de 30 milliards de dollars. Quelle est votre première réaction face à ce verdict ?


Moussa Kalema : Ce verdict est une honte nationale. Il viole la Constitution, bafoue le statut d’ancien Chef d’État et tourne le droit en instrument de vengeance politique. C’est une condamnation du Congo lui-même.

Journaliste : D’aucuns estiment qu’il s’agit d’un procès politique, dépourvu d’indépendance et d’équité. Partagez-vous cet avis ?


Moussa Kalema : Oui, c’est un procès politique. La Haute Cour militaire a agi sous influence. Ce n’est pas la justice, c’est une exécution judiciaire programmée pour effacer une mémoire politique dérangeante.

Journaliste : Au regard du droit, la procédure vous paraît-elle conforme à la Constitution et aux principes de justice ?


Moussa Kalema : Non, la procédure est nulle. La levée des immunités d’un sénateur à vie relève du Congrès, non d’un juge militaire. Cette violation rend le jugement juridiquement inexistant.

Journaliste : Une diplomate européenne a dénoncé cette condamnation, rappelant que la peine de mort est désormais proscrite dans les États démocratiques. Quelle est votre lecture de cette position internationale ?


Moussa Kalema : La diplomate a raison : la peine de mort est incompatible avec un État démocratique. Mais au-delà, c’est la manipulation de la justice qui scandalise davantage que la sanction elle-même.

Journaliste : Le FCC compte-t-il envisager des actions juridiques ou diplomatiques pour contester cette décision ?


Moussa Kalema : Oui. Le FCC saisira toutes les instances, nationales et internationales, pour dénoncer cette parodie de justice et exiger le respect du droit et de la dignité de l’ancien Chef de l’État.

III. SILENCE DU FCC

Journaliste : Depuis cette condamnation, le FCC demeure silencieux, comme tétanisé. Comment expliquez-vous ce mutisme collectif ?


Moussa Kalema : Le silence du FCC n’est pas de la peur, c’est de la prudence stratégique. Nous préparons une réponse concertée, structurée et historique.

Journaliste : Certains analystes se demandent si le FCC se positionne encore comme opposition active ou s’il a choisi une résistance silencieuse. La résistance, est-ce désormais le silence ?


Moussa Kalema
: La résistance ne se crie pas toujours, elle se construit. Le FCC agit dans la profondeur, en évitant le piège de la répression. Le silence est parfois une forme d’organisation.

Journaliste : Vous faites partie des rares cadres à réagir publiquement. Est-ce une initiative personnelle ou une ligne politique concertée ?


Moussa Kalema
: Ma prise de parole est cohérente avec la ligne du FCC : défendre l’État de droit et refuser la soumission morale. Elle est personnelle dans le ton, collective dans le fond.

Journaliste : Ce manque de visibilité du FCC ne risque-t-il pas de renforcer le pouvoir actuel, en donnant l’image d’une opposition démobilisée ?


Moussa Kalema : Le FCC n’est pas démobilisé. Il est en mutation. Ceux qui confondent silence et faiblesse se trompent : nous travaillons à une relance coordonnée et déterminée.

IV. RUMEURS DE RÉFORME CONSTITUTIONNELLE ET HORIZON 2028

Journaliste : Plusieurs rumeurs évoquent une volonté du régime actuel de se maintenir au-delà de 2028, voire de réviser la Constitution. Quelle est la position du FCC face à cette éventualité ?


Moussa Kalema : Le FCC rejette toute révision opportuniste. Toucher à la Constitution, c’est rouvrir la boîte de Pandore et trahir le pacte républicain de 2006.

Journaliste : Certains observateurs relient même cette ambition politique à la recrudescence du conflit à l’Est, notamment les attaques du M23 à Goma. Partagez-vous cette lecture selon laquelle la tentation de prolonger le pouvoir alimente l’instabilité ?


Moussa Kalema : Oui. La guerre à l’Est sert de prétexte pour maintenir un climat d’urgence permettant de prolonger le pouvoir. Le chaos organisé devient un instrument politique.

Journaliste : Craignez-vous que le président Félix Tshisekedi cherche à s’installer durablement, voire à confisquer le pouvoir ?


Moussa Kalema : Oui, la tentation existe. Le pouvoir actuel s’enferme dans la logique d’un pouvoir personnel. Mais l’histoire du Congo montre qu’aucune confiscation ne dure.

V. DYNAMIQUES POLITIQUES ET ACCORDS INFORMELS

Journaliste : On parle de “petits arrangements politiques” ou “accords de doigt” entre certains opposants et le pouvoir en place. Ces ententes existent-elles réellement, ou s’agit-il d’une perception médiatique ?


Moussa Kalema : Des arrangements existent, c’est une réalité. Mais ils n’engagent pas le FCC. Le FCC n’achète ni n’échange sa dignité contre des postes.

Journaliste : Le FCC, de son côté, reste-t-il une coalition unie autour d’un projet commun, ou assiste-t-on à une désagrégation progressive de ses forces internes ?


Moussa Kalema
: Le FCC reste uni autour de son socle : la souveraineté, la stabilité et le respect de la Constitution. Les divergences internes ne sont pas des fractures, mais des débats de stratégie.

VI. GÉOPOLITIQUE ET NOUVEAUX RAPPORTS DE FORCE

Journaliste : Le président Félix Tshisekedi multiplie les accords bilatéraux sécuritaires — avec le Rwanda sous médiation américaine, avec le M23 à Doha, et un deal à 50-50 avec les États-Unis troquant sécurité contre minerais stratégiques. Ne craignez-vous pas qu’un soutien militaire américain renforce considérablement le pouvoir de Kinshasa, au point de rendre le président Tshisekedi intouchable sur le plan politique ?


Moussa Kalema : Oui, un deal sécuritaire avec Washington renforcerait la dérive autoritaire du régime. Le Congo n’a pas besoin d’un protectorat militaire déguisé, mais d’une armée nationale forte.

Journaliste : Si Washington venait à s’engager militairement en faveur du régime en place, le FCC ne risquerait-il pas d’être marginalisé, voire réduit au silence total ?


Moussa Kalema : Nous ne craignons pas la marginalisation. Le FCC incarne la mémoire de l’État et la résistance souveraine. Aucune puissance étrangère ne peut effacer cette légitimité historique.

VII. CONJONCTURE ÉCONOMIQUE

Journaliste : Le franc congolais connaît une relative stabilité et le dollar est en baisse sur le marché. Parallèlement, les prix de certains produits de première nécessité diminuent. Est-ce, selon vous, un signe de bonne gouvernance ou un simple ajustement conjoncturel ?


Moussa Kalema : Cette stabilité est artificielle. Elle résulte d’injections monétaires temporaires, non d’une gouvernance saine. C’est un mirage préélectoral.

Journaliste : Le FCC reconnaît-il ces avancées, ou estime-t-il qu’elles ne traduisent pas une amélioration réelle du pouvoir d’achat des Congolais ?


Moussa Kalema : Le FCC ne nie pas les chiffres, mais il regarde la réalité : le panier de la ménagère reste vide, le chômage explose, et la misère s’aggrave. Ce n’est pas une reprise, c’est une illusion.

VIII. PERSPECTIVES POLITIQUES ET MESSAGE À LA NATION

Journaliste : Quelle est aujourd’hui la feuille de route stratégique du FCC dans un contexte politique marqué par la judiciarisation, la réforme institutionnelle et les tensions régionales ?


Moussa Kalema : Notre feuille de route repose sur trois axes : la restauration de la légitimité républicaine, la refondation de l’État, et la reconquête de la souveraineté économique et militaire.

Journaliste : Le FCC envisage-t-il une restructuration interne ou un retour en force sur la scène politique nationale ?


Moussa Kalema : Oui. Le FCC se restructure en profondeur. C’est un temps de régénération doctrinale, pas de disparition. Nous préparons l’alternance, pas la résignation.

Journaliste : Enfin, quel message adressez-vous : à Joseph Kabila, face à sa condamnation ; au peuple congolais, qui s’interroge sur l’avenir politique du pays ; et à la communauté internationale, qui observe avec attention la tournure des événements ?
Moussa Kalema : À Joseph Kabila : Courage et dignité. L’histoire est ton juge et le peuple ta légitimité.

Au peuple congolais : Ne cèdez pas au désespoir. La vérité finit toujours par vaincre la manipulation.

À la communauté internationale : Respectez la souveraineté du Congo. Aidez-le à se relever, ne contribuez pas à sa mise sous tutelle.

IX. AFFAIRE VITALE KAMERHE

Journaliste : Pour finir, quelle est votre lecture des choses sur l’affaire Vital Kamerhe, qui vient de démissionner de la présidence du bureau de l’Assemblée nationale ?

Moussa Kalema : La démission de M. Kamerhe illustre la crise morale du régime. Quand le cœur du pouvoir se fissure, c’est tout l’édifice qui chancelle. C’est le symptôme d’un système en fin de cycle.

Merci

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