Dans une tribune purement patriotique, Moussa Kalema Sangolo-Zaku, président du Parti des Vertus Républicaines (PVR) et membre du Bureau politique du FCC, interpelle le président Félix Tshisekedi, son gouvernement, l’opposition, la CENCO, l’ECC et l’ensemble des citoyens sur la nécessité d’un tournant historique. Il dénonce l’isolement diplomatique de Kinshasa, plaide pour un amendement politique fondé sur la vérité et la justice, et appelle à un dialogue national inclusif sous l’égide des Églises congolaises. Pour lui, seule une gouvernance transparente, respectueuse des droits et de la souveraineté du peuple, permettra à la RDC de restaurer sa dignité et de redevenir une République authentique.
Découvrez, dans les lignes qui suivent, la tribune de Moussa Kalema
Pour une république vraie dialogue, justice et dignité pour la RDC
À Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo, à son gouvernement, à l’opposition, à la CENCO, à l’ECC, à la société civile, aux citoyens congolais :
La scène diplomatique autour de la médiation qatari dans le conflit entre Kinshasa et l’AFC-M23 met en lumière une fois de plus l’enjeu décisif de notre souveraineté, de notre intégrité nationale, et de la place de la justice dans la gouvernance politique. Le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères a récemment fait savoir qu’il n’y aura pas de sixième round de pourparlers directs cette semaine, l’attention étant momentanément retenue sur la crise de Gaza, mais soulignant qu’aucune partie ne peut imposer le rythme des négociations.
Cette posture de médiation externe, certes admissible dans un contexte de conflit prolongé, ne peut en aucun cas dispenser notre État de rendre des comptes, en interne, ni de faire preuve de responsabilité démocratique.
I. Sur le plan diplomatique : l’erreur stratégique de l’isolement
1. Il est légitime d’interroger la stratégie diplomatique qui a conduit Kinshasa à délaisser Luanda au profit de Washington puis de Doha.
• À Luanda, l’Angola, en tant que membre régional et voisin, jouait déjà un rôle dans le processus de médiation. Retirer sa confiance ou son implication sans explication convaincante affaiblit notre posture africaine.
• En se tournant vers des médiateurs lointains, le régime risque de perdre de vue les réalités du terrain, des alliances historiques, et la nécessité d’une médiation centrée sur les intérêts et la voix africaine.
• En outre, Doha et Washington sont loin d’être des parties neutres : leurs influences économiques, géopolitiques, et leurs intérêts stratégiques pèsent lourdement. Le drapeau de souveraineté nationale ne peut être brandi à géométrie variable.
2. Le fait que la médiation qatarie ait déjà soumis un projet d’accord à la RDC et au M23, que les parties l’examinent, montre que le processus est déjà engagé dans un agenda externe. 
• Cela impose au gouvernement congolais d’être vigilant : accepter un projet, ou le signer, sans un examen rigoureux, c’est accepter une latitude potentielle pour des arbitrages défavorables à notre peuple.
• Le rôle de l’État n’est pas d’être simple spectateur de textes proposés, mais d’être l’auteur principal du compromis, en protégeant les intérêts stratégiques (contrôle des ressources, souveraineté, intégrité territoriale).
II. Sur le plan politique intérieur : l’impératif de l’amendement
Le système politique congolais a trop longtemps habitué ses dirigeants (et même ses opposants) à pratiquer la répression, l’intimidation, et la concentration des pouvoirs. Au moment où l’on parle de dialogue et de médiation, il est impératif que le régime fasse preuve de franchise et d’humilité, en acceptant de corriger ses erreurs.
1. Abandonner l’oppression politique
• Aucune démocratie n’est compatible avec l’arrestation arbitraire, la censure, l’intimidation des opposants.
• Le régime doit s’engager à libérer ceux détenus pour des motifs politiques, garantir la confidentialité et la sécurité de la parole politique, et respecter la liberté de manifestation et d’expression.
• Une telle démarche ne le rendrait pas faible : au contraire, elle serait le signe d’un pouvoir confiant, capable d’affronter l’adversité dans le respect des règles.
2. Admettre les fautes, réparer les torts
• Le peuple congolais a le droit de savoir comment ses minerais ont été hypothéqués, comment ses ressources ont été « bradées ».
• Le régime doit ouvrir toutes les enquêtes nécessaires, rouvrir les contrats obscurs, réformer les mécanismes de passation des marchés publics, et rendre compte publiquement.
• L’amendement passe aussi par des actes concrets : restitutions, recompositions institutionnelles, sanctions symboliques contre les abus.
3. Médiations budgétivores vs solutions internes
• Les médiations internationales coûtent cher, mobilisent des ressources diplomatiques, et souvent n’aboutissent qu’à des engagements creux.
• Il est plus judicieux d’appuyer la médiation locale, nationale, impulsée par la CENCO, l’ECC, la société civile, pour que le dialogue soit enraciné dans les aspirations congolaises. La médiation externe ne doit être qu’un soutien, jamais la direction unique.
III. Sur la voie du dialogue CENCO-ECC : une porte de salut républicain
La CENCO et l’ECC sont des institutions reconnues, moralement crédibles, dotées d’une légitimité nationale. Elles ont proposé une initiative de pacte social pour la paix et la coexistence en RDC. 
• Le régime doit accepter ce dialogue sans conditions préalables injustifiées.
• Le dialogue doit être suffisamment large : inclure non seulement l’opposition politique, mais aussi les groupes affectés dans l’Est, les victimes de la guerre, les femmes, la jeunesse, la diaspora.
• Le dialogue ne doit pas se limiter à des questions techniques ou militaires, mais porter sur les racines du conflit : gouvernance, répartition des richesses, équité interethnique, territorialité, décentralisation.
IV. Appel aux acteurs de l’opposition, à la société civile et aux citoyens
Chers compatriotes, vous ne devez pas être spectateurs passifs. Votre rôle est essentiel :
• Exiger la transparence, la responsabilité politique, l’amendement.
• Soutenir la CENCO/ECC comme espace neutre de dialogue, sans tomber dans les pièges de divisions partisanes.
• Rester vigilants face à des accords signés en catimini, sans consultation populaire ou débat public.
V. À Félix Tshisekedi : un sursaut républicain
Monsieur le Président, vous avez la rare opportunité dans un contexte de crise de marquer l’histoire par un acte de grandeur : reconnaître vos erreurs, accepter le dialogue véritable, et poser les jalons d’un État de droit crédible. Voici quelques recommandations :
1. Nommer, dès aujourd’hui, une commission indépendante (avec des personnalités nationales intègres, des représentants de l’opposition et de la société civile) pour auditer les ressources minières, les grands contrats, les marchés publics signés durant votre mandat.
2. Libérer toutes les personnes détenues pour des motifs politiques ou d’opinion, et ouvrir des enquêtes sur les abus documentés.
3. Désigner un représentant officiel du gouvernement pour entamer sans délai le dialogue CENCO/ECC, avec un mandat clair de négociation.
4. Dans les négociations externes (Doha, Washington ou ailleurs), exiger la garantie que toute proposition soit soumise à scrutins, débats et ratification nationale, et non imposée d’en haut.
5. Assurer un suivi de toute entente : commission de contrôle, mécanismes de reddition de comptes, implication des citoyens dans la validation des résultats.
Conclusion
Nous sommes à un carrefour historique pour la République démocratique du Congo. Le conflit dans l’Est, les tensions politiques internes, le recours aux médiations étrangères sont autant de manifestations d’une crise profonde de légitimité et de confiance. Tout homme politique — qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition — devrait, en conscience, s’interroger : veut-on un pouvoir imposé ou un pouvoir accepté ? S’oppose-t-on par la force ou par la persuasion libre ?
La tribune que je vous propose ici ne vise qu’une chose : replacer la république au cœur de nos institutions. Que Félix Tshisekedi et son gouvernement acceptent l’appel au dialogue, à l’amendement, à la justice, afin de gagner non seulement par la force, mais par la légitimité.
Moussa Kalema Sangolo-Zaku
Président National du Parti des Vertus Républicaines ( PVR ), Membre du Bureau Politique du FCC


