À Lubumbashi, la capitale cuprifère de la République Démocratique du Congo, la question de la santé reproductive des femmes prend une ampleur croissante. Malgré les avancées juridiques offertes par le Protocole de Maputo, la méconnaissance de ses dispositions par le personnel médical et juridique local constitue un obstacle majeur à l’accès des femmes à des services d’avortement sécurisés. Cette situation préoccupante nécessite une attention particulière.
Dans cette ville, comme dans de nombreuses autres régions du pays, les professionnels de la santé sont souvent confrontés à une réalité difficile. La peur des poursuites judiciaires en cas de pratique d’un avortement sécurisé persiste, inhibant leur capacité à fournir des soins appropriés. Les médecins exerçant dans les hôpitaux publics et privés de Lubumbashi doivent pourtant être familiers avec les exigences établies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour pratiquer des évacuations utérines en toute légalité. Pourtant, cette connaissance reste largement absente dans de nombreux établissements de santé.

Les conditions énoncées dans le Protocole de Maputo, qui permettent aux femmes d’accéder à un avortement sécurisé, sont claires. Elles incluent des situations telles que les grossesses résultant d’agressions sexuelles, de viols ou d’inceste, ainsi que celles mettant en danger la santé physique ou mentale de la femme. À Lubumbashi, la stigmatisation autour de l’avortement, couplée à la méconnaissance des droits reproductifs, empêche de nombreuses femmes de revendiquer les soins auxquels elles ont droit.
Face à cette situation, il est impératif d’engager une campagne de sensibilisation ciblée pour le personnel médical de Lubumbashi. Dans un entretien avec tremplin-news.net, le Professeur Richard Mukendi, spécialiste en gynécologie-obstétrique à la faculté de médecine de l’Université de Lubumbashi et formateur international en santé de la reproduction, souligne l’urgence de former les professionnels de santé sur les aspects techniques de l’avortement sécurisé ainsi que sur les droits des femmes en matière de santé reproductive. Une telle initiative pourrait transformer la dynamique des soins offerts aux femmes, en réduisant les tabous et en améliorant la qualité des services.
En somme, garantir un accès à un avortement sécurisé à Lubumbashi est une question cruciale tant pour la santé des femmes que pour le respect de leurs droits humains. Il est temps pour les autorités locales, les professionnels de santé et les organisations de la société civile de s’unir pour faire entendre cette nécessité et ainsi permettre à chaque femme de bénéficier des soins appropriés dans le cadre légal qui protège ses droits. Lubumbashi doit devenir un modèle de sensibilisation et d’accès aux soins en matière de santé reproductive, afin que chaque femme puisse vivre pleinement et librement.
Jules Ntambwe


